Dès l’annonce des résultats du premier tour, dimanche soir, les appels à rallier Emmanuel Macron pour faire barrage à Marine Le Pen ont été lancés.
Mais, alors qu’en 2002, après la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour, une vague spontanée de contestation était née dans le pays, la situation semble bien différente aujourd’hui. Car le FN, scrutin après scrutin, s’est imposé comme une force politique majeure. Si bien que la candidate n’a pas provoqué la même onde de choc. Ni un sursaut général.
Un barrage désorganisé
Alors que de nombreux responsables politiques, de François Hollande à Manuel Valls en passant par François Fillon et Benoît Hamon, ont déjà appelé à choisir Emmanuel Macron au second tour, l’unanimité ne s’impose pas.
Ainsi, à gauche, Jean-Luc Mélenchon, arrivé quatrième du premier tour avec 19,6 % des suffrages, n’a pas encore donné de consignes claires de vote, préférant attendre une concertation lancée auprès de ses électeurs.
De même, la droite apparaît divisée. Xavier Bertrand ou Christian Estrosi ont annoncé leur soutien à Emmanuel Macron, mais d’autres sont plus réticents. Considérant le leader d’En Marche ! comme le successeur de François Hollande, Henri Guaino et Laurent Wauquiez ont prôné le «ni-ni». Et Christine Boutin a assuré qu’elle donnerait son vote à Marine Le Pen.
Enfin, Nicolas Dupont-Aignan fait durer le suspense et ne précisera ses intentions que jeudi. Une situation floue due au fait qu’entre les deux candidats qualifiés, «il ne s’agit pas d’un clivage gauche-droite, mais d’une opposition entre libéraux et souverainistes», explique le politologue Jérôme Sainte-Marie.
Cette nouvelle donne laisse planer le doute quant au report de voix des électeurs, notamment ceux de François Fillon et Jean-Luc Mélenchon. D’autant que l’abstention pourrait être forte au second tour. A cause de la date, en plein week-end prolongé. Mais aussi par choix, puisque de nombreux citoyens, mécontents du duel final, se rangent désormais derrière le mouvement «#SansMoiLe7Mai».
Un renversement peu probable
Reste que, si le front républicain semble moins solide qu’en 2002, un renversement de la situation semble peu probable.
«Marine Le Pen dispose d’une réserve de voix, mais pas de quoi atteindre les 50 %», prédit Jérôme Sainte-Marie. Selon un sondage Ifop-Fiducial publié mardi, Emmanuel Macron obtiendrait ainsi 61 % des voix.
Au-delà de la victoire finale, la candidate frontiste pourrait cependant chercher à obtenir le plus haut score possible, afin de peser pour la suite. D’autant que plusieurs voix s’élèvent pour ne pas donner, à travers le front républicain, une avance trop confortable à Emmanuel Macron.