Le projet terroriste des deux hommes arrêtés mardi rappelle la menace qui plane sur le pays et sur le scrutin majeur qu’il s’apprête à vivre.
Une dernière ligne droite sous tension. Alors que les électeurs s’apprêtent à investir les bureaux de vote, dimanche, la menace terroriste a fait irruption dans la course à l’Elysée. Deux hommes de 23 et 29 ans, soupçonnés de préparer un attentat «imminent» dans le cadre «de la campagne électorale», ont été interpellés dans un quartier populaire de Marseille.
Une «prise remarquable», selon le président de la République, mais également l’illustration du danger qui plane, cinq jours seulement avant le premier tour.
Une campagne à risques
Les deux suspects, déjà incarcérés pour des faits sans caractère terroriste mais «connus pour leur radicalisation», projetaient de commettre une attaque sur le sol français «dans les tout prochains jours», a expliqué mardi le ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl, sans plus de précisions.
Lors des perquisitions, un drapeau de Daesh, mais aussi des armes à feu, des sacs de munitions et plusieurs kilos d’explosifs ont été découverts par les enquêteurs. Un arsenal qui aurait pu donner lieu à un bain de sang en visant l’un des candidats, même si aucune cible n’avait été identifiée mardi soir. La semaine dernière, les services de sécurité de plusieurs prétendants à la présidentielle avaient été informés d’une éventuelle menace.
Selon une source Les Républicains, François Fillon aurait même été averti de «risques avérés» pesant sur lui à l’occasion de son meeting à Montpellier, vendredi dernier. Si bien que, sur ordre du ministère de l’Intérieur, des tireurs d’élite et des membres du Raid doivent désormais surveiller toutes les réunions publiques du candidat de la droite et du centre.
Et pour cause : meetings et bains de foule représentent une cible physique pour les terroristes, mais également une «caisse de résonance médiatique importante pour les groupes jihadistes», selon Roland Jacquard, président de l’Observatoire international du terrorisme. Une situation qui fait écho aux grandes manifestations de ces derniers mois, avec l’Euro de football, les fêtes de Noël ou encore le nouvel an.
Des scrutins sous surveillance
C’est donc dans un contexte sécuritaire que devrait s’achever cette campagne. Un «climat anxiogène (qui) pourrait favoriser l’abstention, car les gens ont peur de se déplacer», relève Roland Jacquard, évoquant l’éventualité d’individus radicalisés agissant de leur propre chef.
Face à cette menace, l’Etat entend sécuriser au maximum l’élection. Lors de chaque tour de scrutin, plus de 50.000 policiers et gendarmes seront ainsi déployés dans les 67.000 bureaux de vote répartis sur tout le territoire. Appuyés par les militaires de l’opération Sentinelle, ils auront pour mission d’empêcher les éventuels «débordements venant d’extrémistes de touts bords», selon Matthias Fekl.
Une ambiance qui visera certes à rassurer les électeurs le jour J, mais qui pourrait aussi bien influencer leur vote, une fois dans l’isoloir.