Marine Le Pen, candidate du FN à l'élection présidentielle, a jugé dimanche que la France n'était «pas responsable» de la rafle du Vel d'Hiv en 1942 à Paris, au cours de laquelle plus de 13.000 juifs avaient été arrêtés.
«Je pense que la France n'est pas responsable du Vel d'Hiv», a répondu au «Grand Jury» RTL-LCI-Le Figaro la présidente du FN, interrogée sur cette rafle et la décision du président Jacques Chirac de reconnaître en juillet 1995 la responsabilité de la France.
«Je pense que de manière générale, plus généralement d'ailleurs, s'il y a des responsables, c'est ceux qui étaient au pouvoir à l'époque, ce n'est pas LA France. Ce n'est pas LA France», a déclaré Mme Le Pen.
«La France a été malmenée dans les esprits depuis des années», a dénoncé la présidente du parti d'extrême droite, candidate à l'élection présidentielle. «En réalité, on a appris à nos enfants qu'ils avaient toutes les raisons de la critiquer, de n'en voir peut-être que les aspects historiques les plus sombres», a-t-elle regretté, ajoutant: «Donc, je veux qu'ils soient à nouveau fiers d'être Français.»
En niant la responsabilité de l'Etat français sur le Vel d'Hiv, @mlp_officiel rejoint son père sur le banc de l'indignité & du négationnisme
— Christian Estrosi (@cestrosi) 9 avril 2017
«En niant la responsabilité de l'Etat français sur le Vel d'Hiv, Marine Le Pen rejoint son père sur le banc de l'indignité et du négationnisme», a réagi sur Twitter Christian Estrosi, président LR de Paca. «Hommage à Jacques Chirac, qui, le premier, avait eu le courage de reconnaître que l'Etat français avait, ce jour-là, commis l'irréparable», a-t-il ajouté.
La candidate frontiste a plus tard tenté de clarifier ses propos via un communiqué publié sur Twitter. «Comme Charles De Gaulle, François Mitterrand, ou encore de nos jours Henri Guaino, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l'Occupation et que le régime de Vichy n'était pas la France.»
« Sur la responsabilité de la France : stop à l'instrumentalisation indigne ! » | Mon communiqué de presse :https://t.co/XWb8bZKBPw
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 9 avril 2017
Cette ligne de défense a eu du mal à convaincre. Respectivement interrogés par BFM.TV et RTL, Emmanuel Macron et Benoît Hamon, candidats à la présidentielles ont réagi.
Propos de Le Pen sur le Vel d’Hiv: "D’aucuns avaient oublié qu’elle était la fille de Jean-Marie Le Pen", dit Macron pic.twitter.com/5mYRiaE2UW
— BFMTV (@BFMTV) 9 avril 2017
#Veldhiv : "si on doutait que Marine Le Pen est d'extrême-droite, on ne peut plus en douter", dit @benoithamon dans #RTLMatinpic.twitter.com/EBwlUyjW7r
— RTL France (@RTLFrance) 10 avril 2017
Une porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Michal Maayan, a condamné «les déclarations faites par Marine Le Pen selon lesquelles la France n'est pas responsable de la déportation des juifs de son territoire pendant la Shoah». Dans un communiqué, elle a ajouté : «Cette déclaration est contraire à la vérité historique telle qu'elle a été exprimée par les déclarations des présidents de France, qui ont reconnu la responsabilité de l'État pour le sort des juifs français qui ont péri dans la Shoah».
Le Crif et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) ont également réagi, dénonçant «des propos révisionnistes».
L'UEJF dénonce le révisionnisme de @MLP_officiel. https://t.co/wSSkHEvUvA
— UEJF (@uejf) 9 avril 2017