Deux semaines après la disparition de la famille Troadec près de Nantes, les enquêteurs tentent toujours d'éclaircir le mystère, sans que les indices découverts ne permettent d'esquisser un scénario précis de cette affaire hors normes.
L'enquête a franchi une nouvelle étape jeudi avec la découverte à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) de la voiture du fils, Sébastien Troadec, garée sur le parking d'une église, près de la zone portuaire.
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La police technique et scientifique continue de passer au crible le véhicule, à la recherche d'éventuels indices sur ce qui est arrivé aux quatre membres de la famille, dont on est sans nouvelles depuis le 16 février.
Aucun élément n'a filtré, de source policière, sur les premières constatations effectuées jeudi sur la Peugeot 308 du jeune homme de 21 ans. Seule information confirmée par le procureur de Nantes, Pierre Sennès: aucun corps n'a été retrouvé dans le véhicule.
A une soixante de kilomètres de Saint-Nazaire, les investigations se concentraient toujours, vendredi matin, au domicile des Troadec à Orvault, au nord de Nantes, où la police scientifique opérait.
Du sang, en grande quantité, y avait déjà été découvert mercredi. Il appartient au père Pascal, à la mère Brigitte, et au fils Sébastien, mais le sang de la fille Charlotte, 18 ans, n'a jusque là pas été identifié.
Les accès de la rue, dans ce quartier pavillonnaire, ont été bloqués par les policiers, seuls les riverains sont autorisés à accéder à leur domicile, a constaté une journaliste de l'AFP.
A quelque 260 kilomètres de là, les recherches ont également repris vendredi matin dans le secteur de Dirinon, près de Brest, dans le Finistère, d'où est originaire la famille Troadec. C'est là qu'un manuel scolaire appartenant au père de la famille a été retrouvé jeudi.
Dans le même secteur, une joggeuse était tombée mercredi sur la carte vitale de Charlotte, glissée dans une poche de pantalon, ainsi que sur une carte bancaire.
«L'inspection se poursuit sur le secteur où ont été trouvés ces indices», a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête. «On recontrôle tout, on inspecte tous les fossés, on va plus dans le détail», a ajouté cette source.
Les enquêteurs perplexes
Une cinquantaine de gendarmes sont sur place et recevront des renforts dans l'après-midi.
Après avoir inspecté l'étang du Roual jeudi, des plongeurs sondaient dans la matinée un autre étang de la même zone, sur un site privé, près d'un axe routier inaccessible aux médias.
Après avoir survolé ces derniers jours toutes les côtes proches de Dirinon, les points d'eau, les zones tant boisées que découvertes, «de manière très systématique et fouillée», selon la source proche de l'enquête, l'hélicoptère de la gendarmerie n'a pas été mobilisé vendredi.
Toujours selon cette source, toutes les hypothèses «restent ouvertes et sont exploitées. Il y a des appels polluants» de particuliers. Les éléments retrouvés à Dirinon laissent certains enquêteurs perplexes, qui se demandent même s'il ne s'agit pas d'un puzzle destiné à «faire diversion».
Au début des investigations, un téléphone portable souillé de sang et de nombreuses taches de sang avaient été trouvés, à l'étage, dans l'escalier et au rez-de-chaussée du pavillon, dont certaines essuyées, laissant penser à une scène de violences.
L'enquête se poursuit dans le cadre d'une information judiciaire ouverte contre X pour homicides volontaires, enlèvements et séquestrations.
Les enquêteurs ont pu établir que les téléphones portables des membres de la famille n'avaient plus été activés depuis la nuit du 16 au 17 février. Les deux véhicules des parents ont été placés sous scellés.
La mère et la fille avaient par ailleurs fait une opposition bancaire le 16 février, après l'utilisation frauduleuse de la carte bleue de la jeune fille. De source proche du dossier, cette carte aurait été utilisée à l'insu de Charlotte pour payer des parties de jeux vidéos en ligne.