François Hollande retrouve samedi un monde paysan en proie au découragement lors de l'inauguration du Salon de l'agriculture, dans un climat alourdi par l'annonce vendredi d'un nouveau suicide d'agricultrice en difficulté.
La 54e édition de ce rendez-vous annuel, qui se tient jusqu'au 5 mars autour des meilleures productions issues des terroirs et territoires, verra défiler beaucoup de responsables politiques.
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A moins de deux mois du premier tour de l'élection présidentielle, ils sont soucieux de se concilier un monde agricole et rural en pleine mutation, éprouvé par deux ans de crise.
Lundi, le salon accueillera le Premier ministre Bernard Cazeneuve, Marine Le Pen, mardi. L'ex-ministre de l'Agriculture Bruno Lemaire, soutien de François Fillon, est annoncé lundi et mardi.
Avec des millions de canards abattus dans le sud-ouest depuis janvier pour cause de grippe aviaire pour la deuxième année consécutive, le découragement pointe même chez les agriculteurs exposants du salon, qui sont pourtant parmi les plus compétitifs et organisés du pays.
«Profession en danger»
«Cette année, le maïs n'a pas marché, mes 6.000 canards ont été euthanasiés, il ne nous reste plus que les activités de vente directe pour apporter un peu de revenu» dit à l'AFP Richard Beziat, un exploitant du Gers venu présenter un magnifique bovin gris cendré de race bazadaise. «La profession est en danger, j'espère que le monde va s'en rendre compte».
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Le climat est d'autant plus lourd que la FNSEA, premier syndicat agricole du pays, vient de perdre son charismatique président, Xavier Beulin, décédé le week-end passé.
A son enterrement, vendredi à Orléans, la République était rassemblée: François Hollande est venu lui rendre hommage ainsi que son prédécesseur Nicolas Sarkozy, le Premier ministre Bernard Cazeneuve et son prédécesseur Manuel Valls et une brochette de ministres et anciens ministres de l'Agriculture.
Le Commissaire européen à l'Agriculture Phil Hogan, qui viendra au Salon, et Michel Barnier étaient également venus saluer la mémoire d'un homme qui a essayé toute sa vie de faire évoluer l'agriculture française face à la concurrence internationale, tout en défendant -parfois maladroitement- un modèle d'exploitation à taille humaine.
La FNSEA, comme les Chambres d'agriculture ont d'ailleurs déjà listé leurs revendications pour les candidats à la présidentielle.
Ils leur demandent surtout plus de considération pour les agriculteurs et d'être défendus efficacement face aux enjeux qui s'annoncent.
Le prochain gouvernement devra en effet négocier l'orientation de la politique agricole commune (PAC) 2020-25, avec des partenaires européens qui sont aujourd'hui des concurrents sur les marchés agricoles.
Exsangues
Les négociations de la PAC porteront sur le budget agricole et la manière de le dépenser. Une majorité d'agriculteurs souhaiterait qu'une partie des fonds soit consacrés à des outils assurantiels pour prévenir les crises économiques, climatiques ou sanitaires.
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Ces crises se sont cumulées depuis deux ans, avec un effondrement des prix du lait et de la viande bovine et porcine, des intempéries qui ont laminé les récoltes de céréales et plusieurs vagues d'épizooties, laissant les agriculteurs exsangues.
Leurs revenus se sont effondrés. Si en 2014, moins de 20% des agriculteurs avaient eu des revenus équivalents à 350 euros par mois, en 2016, ce chiffre est monté à 50%, selon la sécurité sociale agricole MSA.
A la veille du salon, les suicides qui endeuillent régulièrement la profession se sont aussi rappelés à l'opinion, puisqu'une agricultrice de 47 ans, productrice de lait, a été retrouvée vendredi pendue dans sa salle de traite des Côtes d'Armor.
Mais le salon tentera aussi de faire bonne figure et de montrer ce qu'il fait de mieux avec ses vaches, moutons et chèvres pomponnés, autour de la mascotte du salon, la petite vache bretonne Pie-Noir «Fine». Les organisateurs attendent de 620 à 650.000 visiteurs, contre 611.000 en 2016.
Seules les volailles et palmipèdes ne sont pas de la fête, interdits de voyager en raison de la grippe aviaire H5N8 qui frappe le sud-ouest.
Autre point noir, les organisateurs redoutent la présence de militants antiviande, face à la montée de ce mouvement illustrée depuis plusieurs mois par les vidéos en caméra cachée de l'association L214 tournées dans des abattoirs.
L'association Vegan Impact doit manifester samedi face à l'entrée du salon avec la volonté de montrer «l'envers du décor de l'élevage».