Rendu célèbre par une vidéo où il clamait maladroitement son innocence avant d'être interpellé en direct, Jawad Bendaoud, le logeur présumé de deux jihadistes du 13 Novembre, devait comparaître ce jeudi devant la justice pour trafic de stupéfiants.
Mais l'audience a tourné court pour l'accusé. Il est arrivé dans la salle d'audience les larmes aux yeux, en criant des insultes, traitant les policiers de «fils de p...» et les accusant de l'avoir frappé. «Je suis pas terro», «je suis Salah Abdeslam, moi ?», a-t-il ensuite lancé à son escorte. Il a été aussitôt évacué de la salle, le procès se poursuivant en la seule présence de son co-accusé, Mohamed Soumah.
Jawad Bendaoud avait avoué lui-même le trafic lors d'un interrogatoire mené dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 13 Novembre. Il a finalement écopé de huit mois de prison ferme, en plus de la garde à vue qui a suivi son arrivée mouvementée au tribunal.
Jawad Bendaoud refuse de coopérer
En novembre, les juges du tribunal de Bobigny l'avaient déja attendu en vain : «Jawad», 30 ans, avait refusé d'être extrait de la cellule de la maison d'arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis), où il est incarcéré à l'isolement depuis plus d'un an. Cette cellule qu'il a tenté d'incendier l'été dernier, et depuis laquelle il ne cesse, dans d'interminables lettres, de crier son innocence aux juges d'instruction chargés de l'enquête sur les attentats les plus meurtriers jamais commis en France.
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«Un petit caïd»
Jeudi, le jeune homme arrêté le 18 novembre 2015 en marge de l'assaut policier mené par le Raid à Saint-Denis fera face à des accusations de trafic de stupéfiants en récidive, sur la seule base de déclarations livrées aux enquêteurs au cours de sa garde à vue.
Comparaîtra à ses côtés un de ses proches, Mohamed Soumah. Ce dernier est par ailleurs soupçonné d'avoir été un intermédiaire entre Jawad Bendaoud et la cousine du jihadiste Abdelhamid Abaaoud, qui cherchait un abri de repli à cet organisateur présumé des attentats.
A l'issue de six jours de garde à vue, celui que l'on présente dans sa ville d'origine de Saint-Denis comme un «petit caïd», «homme de main de marchands de sommeil» ou encore «gros fumeur de shit» avait été le premier mis en examen dans l'information judiciaire ouverte à Paris sur les attentats du 13 Novembre, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés.
«J'ai rendu service»
Juste avant son interpellation à Saint-Denis, Jawad Bendaoud, par ailleurs déjà condamné en 2008 pour homicide involontaire, s'était défendu en assurant devant quelques journalistes ne pas savoir qu'il avait logé «des terroristes». «Un ami m'a demandé d'héberger deux de ses potes pour quelques jours», avait-il raconté à l'AFP, expliquant avoir mis à leur disposition un appartement rue du Corbillon.
«On m'a demandé de rendre service, j'ai rendu service», avait-il aussi naïvement assuré, cheveux gominés, doudoune noire et sacoche en bandoulière, sur une vidéo de BFMTV, objet de multiples détournements et d'une avalanche de blagues cathartiques.
Mais il a «lui-même (...) accueilli les terroristes le 17 novembre vers 22H45», dans un logement qui ne lui appartenait pas, contre rémunération, avait souligné le procureur de Paris, François Molins, estimant qu'il «ne pouvait douter (...) qu'il prenait part en connaissance de cause à une organisation terroriste».
«Depuis ma sortie de prison» en septembre 2015, «je n'ai même pas préparé un repas et vous me parlez de préparer des attentats. Je n'ai rien à voir avec tout ça», s'est défendu «Jawad» dans une lettre envoyée en mars à un des juges d'instruction.
«J'ai vu Abaaoud moins de dix minutes vous croyez que je suis profilé pour savoir ce qu'il a fait avant d'arriver chez moi», s'est-il aussi énervé, rappelant avoir «consommé de la coke et du shit en quantité» ce jour-là.