Meurtre ou légitime défense ? Le patron d'un bar-tabac du Tarn, condamné à sept ans de prison pour le meurtre d'un jeune cambrioleur une nuit de décembre 2009, est jugé en appel à Toulouse à partir de mercredi.
L'audience débute à 9h et Luc Fournié, aujourd'hui âgé de 59 ans, doit comparaître libre devant la cour d'assises de Haute-Garonne à Toulouse. Il a en effet été remis en liberté sans contrôle judiciaire un mois après sa condamnation en première instance. Le verdict est attendu vendredi soir. Début avril 2015, la cour d'assises du Tarn l'avait condamné pour meurtre et blessure, jugeant sa riposte «disproportionnée» et rejetant la qualification de légitime défense, retenue par l'avocat général qui avait requis l'acquittement. L'accusé avait fait appel.
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Le 14 décembre 2009 vers 02h30 du matin, Luc Fournié avait tué d'un coup de fusil de chasse un lycéen de 17 ans, qui s'était introduit par effraction dans son bureau de tabac de Lavaur (Tarn) avec un de ses amis, lui aussi mineur. Quatre jours auparavant, il avait constaté que les barreaux d'une fenêtre de son bar-tabac avaient été sciés, et s'en était ouvert aux gendarmes de cette ville de 10.000 habitants à environ 30 kilomètres de Toulouse.
Il dormait sur un lit de camp
Il avait alors mis en place un système d'alerte de fortune en tendant un fil de pêche entre des chaises. Luc Fournié, qui vivait dans un logement au-dessus de son commerce en compagnie de sa mère, sa sœur, et son neveu, avait aussi décidé depuis lors de dormir au rez-de-chaussée, sur un lit de camp. La nuit du drame, pris de panique dans l'obscurité selon sa défense, il s'était emparé de son fusil chargé et avait ouvert le feu sur les cambrioleurs.
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Touché au ventre, Jonathan s'était effondré. Son ami Ugo avait pris la fuite, le buraliste avait tiré dans sa direction, sans l'atteindre. Luc Fournié avait ensuite allumé la lumière et appelé les gendarmes et les secours.
«Autodéfense» ?
Pour l'avocat du buraliste, il s'agit bien d'une affaire de légitime défense. «Cet homme se trouvait chez lui, à 02h00 du matin, quand sont apparus des gens qui, d'une façon incontestable dans la nuit, représentaient un danger, puisqu'ils se sont introduits par effraction dans un domicile», estime auprès de l'AFP Me Georges Catala, conseil de l'accusé. «Il a pris peur, il a tiré: ça s'appelle la légitime défense, c'est écrit dans toutes les tables de la loi», assure l'avocat, qui qualifie d'«inique» la décision de première instance.
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«Que le coup de feu ait terrassé un gamin de 17 ans et demi, c'est tout à fait évident qu'on ne peut que le regretter. Fournié en est crucifié», ajoute-t-il. En 2014, le pénaliste avait fait appel de l'ordonnance de mise en accusation, mais la chambre de l'instruction de la cour d'appel avait refusé de lui accorder le bénéfice de la légitime défense pour «meurtre» et «tentative de meurtre».
«Ce n'est ni une liberté, ni même une licence, c'est un crime»
Au contraire, pour Me Patrick Maisonneuve, «la famille, les parties civiles, souhaitent voir reconnaître la culpabilité de celui qui a tiré et tué Jonathan». «On n'est pas dans une situation où, surpris dans son sommeil, il réagit. Il avait mis en place un système pour le bruit, il est sorti de son arrière-cuisine et il a tiré immédiatement sur Jonathan, avant de l'enjamber et de tirer une deuxième fois», ajoute le pénaliste.
«Est-ce que cet homme était en état de légitime défense ? Pour moi, la réponse est non», estime aussi Me Simon Cohen, autre avocat des parties civiles. «Est-ce qu'il avait droit de pratiquer l'autodéfense ? La réponse est non aussi. Ce n'est ni une liberté, ni même une licence, c'est un crime», déclare-t-il.