La pauvreté ne faiblit pas, au contraire le nombre de familles précaires augmente, constate le Secours catholique - Caritas France qui appelle jeudi les candidats à la primaire de droite à s'emparer de cette question.
"On veut interpeller les candidats à la présidentielle pour remettre la question de la solidarité au cœur des priorités", a expliqué à l'AFP Bernard Thibaud, secrétaire général de l'association. "La pauvreté ne recule pas depuis dix ans et on voit que ce n'est pas une question prioritaire dans les débats. Au contraire, elle est plutôt exploitée pour opposer les migrants aux autres", regrette-t-il.
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L'association remet jeudi une lettre aux candidats à la primaire de la droite, juste avant leur dernier débat avant le premier tour, pour leur demander "de mettre la lutte contre la pauvreté et contre le chômage de longue durée au cœur de (leur) projet de société". "Nous attendons du futur président qu'il fasse l'unité nationale et combatte la pauvreté et la stigmatisation des plus pauvres", est-il écrit.
608.500 ménages en situation de pauvreté
Le Secours catholique publie le même jour son rapport annuel sur l'état de la pauvreté, établi à partir de l'analyse de situations de personnes accueillies (85.179 fiches statistiques étudiées). Ce rapport sera ensuite envoyé à tous les candidats à la présidentielle.
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Au total, en 2015, l'association a rencontré 608.500 personnes ou ménages en situation de pauvreté, un chiffre en augmentation de 2,7% par rapport à 2014. Les familles et les enfants représentent 51,8% des ménages reçus et le nombre de familles précaires continue d'augmenter.
Davantage de familles et d'étrangers précaires
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La part des étrangers parmi les personnes accueillies au Secours Catholique (36,4%) grimpe elle aussi. Elle "a continué de croître en 2015 (+ 1,4 point par rapport à l'année précédente), s'inscrivant en cela dans une tendance longue. Leur proportion a augmenté de près de 9 points entre 2000 et 2004 pour se stabiliser ensuite et reprendre une progression régulière et d'ampleur équivalente après la crise de 2008 (+ 8 points)", indique le rapport.
"On entend trop facilement que les migrants ont davantage de droits ou de revenus que la population française, or on constate le contraire", a affirmé le président du Secours catholique, citant nombre d'étrangers sans ressources car ils ne connaissent pas leurs droits ou n'ont pas de droits reconnus. En 2015 le revenu médian des ménages accueillis au Secours Catholique (et percevant des ressources) était de 932 €, et près d'un ménage sur cinq (19,5%) était sans aucune ressource, soit 4 points de plus qu'en 2010.
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Ils étaient âgés en moyenne de 41,2 ans pour les hommes, 40,2 ans pour les femmes, avec une population qui vieillit depuis 15 ans. Deux tiers des ménages reçus étaient accueillis pour la première fois. Parmi les bénéficiaires, un homme de 48 ans vivant en Bretagne, interrogé par l'AFP sous couvert d'anonymat. A la suite d'un accident de la route, en 2012, il s'est retrouvé handicapé. Il a perdu son emploi et s'est séparé de sa compagne. "Je ne pensais pas en arriver à ce stade-là" confie cet homme, qui peine à se reconvertir malgré son diplôme de master et son expérience professionnelle.
A cause de cet "accident de la vie", ses revenus ont fondu. "J'étais bien content de trouver le Secours catholique à ce moment-là", explique cet homme qui a été soutenu moralement et a pu acheter de la nourriture à prix réduits.
Le besoin d'écoute et les besoins alimentaires restent de loin les principales demandes des personnes s'adressant au Secours catholique, note l'association, qui aide aussi à payer le loyer, les factures ou le transport. Il a aujourd'hui rejoint les quelque 67.500 bénévoles de l'association. Un engagement pour "être utile à quelque chose, et utile aux autres".