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«Jungle» de Calais : l'évacuation se poursuit

Des migrants évacués de la "Jungle" à Calais à leur arrivée le 24 octobre 2016 dans un centre d'hébergement à Lyon [PHILIPPE DESMAZES / AFP] Des migrants évacués de la "Jungle" à Calais à leur arrivée le 24 octobre 2016 dans un centre d'hébergement à Lyon [PHILIPPE DESMAZES / AFP]

L'évacuation de la «Jungle» se poursuit mardi avec le départ prévu de 45 cars et le début de la démolition du camp, après une première journée marquée par un afflux de candidats à un hébergement temporaire en Centre d'accueil et d'orientation

L'évacuation totale de la «Jungle» de Calais, opération à haut risque, a démarré lundi dans le calme et sur un rythme élevé, 2.300 migrants ayant quitté le plus grand bidonville de France dès le premier jour. Pomme de discorde avec Londres, le dossier des mineurs isolés semblait d'autre part en voie de solution.

A lire aussi : «Jungle» de Calais : 2.318 migrants évacués lundi

Des migrants lors de l'évacuation de la "Jungle" le 24 octobre 2016 à Calais [PHILIPPE HUGUEN / AFP]
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Des migrants lors de l'évacuation de la "Jungle" le 24 octobre 2016 à Calais

 

De 6.000 à 8.000 hommes, femmes et enfants venus pour la plupart d'Afghanistan, du Soudan ou d'Erythrée vivent dans ce vaste campement, devenu depuis des années le lieu de rassemblement des migrants déterminés à gagner l'Angleterre, juste de l'autre côté de la Manche.

Lundi, 45 cars (contre 60 initialement prévus) ont acheminé 1.918 adultes de Calais dans 80 centres d'accueil et d'orientation (CAO) situés dans onze régions de France, selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. L'opération se déroule "dans le calme et la maîtrise", s'était-il félicité un peu plus tôt.

Des migrants s'apprêtent à monter dans des autocars lors de l'évacuation de la "Jungle" le 24 octobre 2016 à Calais [PHILIPPE HUGUEN / AFP]
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Des migrants s'apprêtent à monter dans des autocars lors de l'évacuation de la "Jungle" le 24 octobre 2016 à Calais

 

400 mineurs ont pour leur part été dirigés, dans l'attente de l'instruction de leur dossier, vers le "Centre d'accueil provisoire" (CAP), une structure située sur le campement et faite de conteneurs, a détaillé Bernard Cazeneuve. Quelque 1.300 mineurs isolés vivaient encore la semaine dernière sur le campement, dont 500 disent avoir des attaches familiales au Royaume-Uni.

Sur ce point, le ministre a annoncé une percée: le Royaume-Uni accueillera "tous les mineurs isolés" de la "Jungle" de Calais "dont les attaches familiales en Grande-Bretagne sont établies", a-t-il dit. En outre, les Britanniques "se sont engagés à étudier également les dossiers de mineurs non accompagnés qui n'ont pas de liens familiaux mais dont l'intérêt supérieur serait de rejoindre ce pays".

Des migrants sont enregistrés avant de monter dans le cars lors de l'évacuation de la "Jungle" le 24 octobre 2016 à Calais [DENIS CHARLET                / AFP]
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Des migrants sont enregistrés avant de monter dans le cars lors de l'évacuation de la "Jungle" le 24 octobre 2016 à Calais

 

Après de longues files d'attente avant même le lever du jour, le flux s'est nettement ralenti ensuite, alors que la "Jungle" doit être vidée d'ici la fin de semaine.

45 autocars sont programmés mardi et 40 mercredi, à destination des CAO, au nombre de 451.

Les candidats au départ sont répartis en quatre files: adultes seuls, familles, personnes vulnérables et mineurs. Ils doivent décliner nom, prénom, date de naissance et nationalité, mais il n'y a aucun examen de la situation administrative de chacun.

- Premières pelles mécaniques mardi -

Dès mardi, le démantèlement du camp prendra un tour éminemment symbolique, avec l'entrée des premières pelles mécaniques pour débarrasser déchets et abris de fortune autour du CAP, et éliminer progressivement toute trace de "la tache" de Calais. Mais il ne faut pas s'attendre à voir des bulldozers, souligne-t-on à la préfecture du Pas-de-Calais.

Des migrants rassemblés devant le centre de transit, un grand hangar désaffecté, le 2 octobre 2016 à Calais [DENIS CHARLET                / AFP]
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Des migrants rassemblés devant le centre de transit, un grand hangar désaffecté, le 2 octobre 2016 à Calais

 

L'affluence au centre de transit, carrefour de l'opération, a subitement chuté en milieu d'après-midi, et la file d'attente a disparu. Des candidats au départ auraient reporté de 24 ou 48 heures leur embarquement. "On leur a répété que des départs s'effectueraient demain (mardi) et mercredi"..., expliquait la préfecture. La densité de la foule présente à la mi-journée aurait aussi dissuadé des migrants de s'attarder plus longtemps.

Ce temps mort n'en a rendu que plus visible la marche émouvante entreprise par une petite centaine d’Éthiopiens de l'ethnie oromo, très politisée, pour célébrer son départ de la "Jungle".

L'évacuation de la "Jungle" de Calais [Simon MALFATTO, Kun TIAN / AFP]
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L'évacuation de la "Jungle" de Calais

 

Aux cris de "oromo, free Oromia" les manifestants ont quitté la Jungle à pied pour rejoindre le hangar où les attendaient des bus, en agitant des drapeaux aux couleurs de leur ethnie, les poings croisés au dessus de la tête. Puis ils se sont séparés en 2 groupes pour le départ. Certains tombaient dans les bras l'un de l'autre et pleuraient.

Auparavant, vers 11H00, la file d'attente atteignait 200 m de long. Un premier autocar transportant 50 Soudanais avait pris la route de la Bourgogne avant 09H00.

"C'est un moment historique, parce que je crois qu'enfin (les migrants) vont pouvoir construire leur avenir d'une meilleure façon", a déclaré la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, chef d'orchestre de l'opération.

Quelque 1.250 policiers et gendarmes sont mobilisés à Calais pour veiller à la sécurité de ce méga-transfert: éviter les mouvements de foule, mais aussi empêcher de nuire les militants ultragauche de No Border, partisans de l'abolition des frontières.

A l'entrée du Centre d'accueil provisoire (CAP) jouxtant la "jungle", plusieurs centaines de mineurs attendaient le départ des migrants majeurs pour obtenir une place.

Ce n'est pas la voie qu'empruntera Mohammed, un Yéménite de 17 ans, orphelin de père et dont la mère vit en Erythrée. Il explique vouloir passer en Grande-Bretagne: "J'ai une sœur là-bas. Je ne l'ai pas vue depuis huit ans. Je l'appelle pour les fêtes, le ramadan... Je veux partir. Je suis passé par Paris, ici c'est mieux même si la vie reste difficile".

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