Policiers, profs, médecins et gardiens de prisons sont la cible d’attaques depuis plusieurs jours, dévoilant un malaise plus profond de la société.
La crainte d’une montée en puissance. Depuis le début du mois, le pays est touchée par une recrudescence d’actes violents, dirigés à l’encontre des représentants de l’autorité. Policiers, enseignants, médecins et surveillants de prison, sont devenus les cibles d’agressions parfois spectaculaires, et ne cachent plus leur désarroi. Face à l’indignation de la population et de la classe politique, le Premier ministre Manuel Valls a assuré que «l’Etat poursuivrait sans relâche» les responsables.
Une violence intégrée
Pas un jour ou presque ne passe dans qu’une agression ne soit rapportée. Les faits les plus marquants ont sans doute les affrontements, dans la nuit de samedi à dimanche, de plusieurs jeunes à l’encontre de policiers pris dans un guet-apens à Mantes-la-Jolie (Yvelines) et, une semaine plus tôt, l’attaque d’une violence inouïe de quatre agents, dans l’Essonne.
A lire aussi : Des centaines de policiers ont à nouveau manifesté cette nuit
Sous le choc, la profession cherche à se faire entendre et organise, en guise de ras-le-bol, des rassemblements spontanés chaque soir depuis le début de la semaine. Même réaction du côté des surveillants pénitentiaires qui, alors qu’ils sont pris pour cibles par certains détenus, ne veulent pas rester silencieux. Hier, une trentaine d’entre eux ont ainsi manifesté à Metz aprèsune nouvelle agression.
Autre source d’inquiétude : les écoles. Les enseignants ont en effet été visés par plusieurs attaques, en quelques jours seulement. Une proviseure a même été transportée à l’hôpital, à Tremblay-en-France (93), frappée par des individus ayant jeté des cocktails molotov contre son établissement.
Reste, enfin, les professionnels de santé. Très exposés, le nombre d’incidents à leur encontre survenus l’an dernier a frôlé le record de 2013. Dans ce climat de violence, la classe politique s’interroge, la ministre de l’Education Nationale, Najat Vallaud-Belkacem, ayant ainsi enjoint les victimes à porter plainte. Une réponse jugée trop faible par l’opposition, qui appelle à des mesures fortes.
Une crise plus globale
Ces attaques, ciblées à l’encontre des représentants de la République, révèlent un malaise profond. Car, si «l’on n’est pas entrés dans une spirale généralisée de la violence», selon le sociologue Michel Wieviorka, «nous vivons à l’évidence dans une phase aïgue d’inquiétude et de crise». Prises bout à bout, ces affaires seraient ainsi le symptôme d’une société en perte de repères et en proie au doute.
A lire aussi : Ras-le-bol des policiers : des concertations dans les départements
La colère des professionnels visés s’inscrit également dans ce climat. En effet, l’institution policière ne se sent pas assez reconnue et soutenue par le pouvoir, entraînant une remise en cause du fonctionnement des institutions. «La crise de la République s’approfondit», estime-t-il ainsi. De quoi poser question, à six mois de l’élection présidentielle.