Cibles d’agressions violentes à répétition, les membres des forces de l’ordre n’hésitent plus à exprimer au grand jour un mal-être profond.
Gyrophares allumés et sirènes hurlantes, ils étaient quelque cinq cents, lundi soir, à manifester sur les Champs-Elysées pour manifester leur colère. Les policiers sont à bout et veulent le faire savoir. Après les récentes violences qu’ils ont subies, ils réclament une nouvelle fois plus de moyens pour se protéger et réussir leur mission de sécurité. Mais ont l’impression d’être laissés pour compte.
Une violence quotidienne
La manifestation de ce début de semaine n’est pas la première du genre, mais elle marque une nouvelle étape. Le ras-le-bol est tel que les policiers sont prêts à défiler en dehors du cadre syndical, comme lundi, et à s’attirer les reproches de leur hiérarchie.
L’attaque de Viry-Châtillon (Essonne), il y a dix jours, a servi de déclencheur. Celles de Mantes-la-Jolie (Yvelines) et Bastia (Corde), la semaine dernière, ont exacerbé les tensions. Résultat : les agents se sentent totalement abandonnés. «On a jamais connu un tel niveau de violences envers les forces de l’ordre. C’est inédit», confirme Claude Cancès, ancien directeur régional de la police judiciaire de Paris.
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En moins de deux semaines, plusieurs agents ont été grièvement blessés, sans que les assaillants n’aient été interpellés. L’un des policiers, brûlé par un cocktail Molotov dans l’Essonne, était d’ailleurs, hier, toujours dans le coma. Et cette violence n’est pas seulement physique, elle est également verbale. En témoignent les tags et insultes «anti-flics» découverts dans les Universités parisiennes de la Sorbonne et de Jussieu.
Pour ajouter au malaise, ces attaques à répétition interviennent dans un contexte où les forces de l’ordre sont mobilisées sur tous les terrains. Parallèlement à leurs missions du quotidien, les policiers doivent en effet gérer la menace terroriste depuis de longs mois.
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Une situation qu’ils dénoncent régulièrement. En demandant des moyens supplémentaires, comme des voitures blindées et plus d’effectifs sur le terrain. «Les policiers veulent des équipements modernes, des hommes supplémentaires et moins de tracasseries administratives», souligne Claude Cancès.
Une mobilisation inédite
L’Etat tente pourtant de répondre à ces inquiétudes. D’abord en accroissant les moyens humains et matériels. Le budget de la sécurité a ainsi été augmenté d’un milliard d’euros en 2016 (12 milliards), avec le recrutement de plus de 3 000 policiers. Puis en répondant favorablement à plusieurs de leurs revendications comme celle de pouvoir garder son arme en dehors du service. Pas sûr pour autant que cela suffise à calmer la grogne. «Les policiers veulent des actes», conclut Claude Cancès. Et vite, semble-t-il.