L'Assurance maladie a proposé mercredi aux syndicats de médecins libéraux de revaloriser la consultation chez le généraliste à 25 euros en une seule fois, à compter du 1er mai 2017, pour emporter leur adhésion à une nouvelle convention quinquennale.
"En l'état, MG France va signer", a déclaré devant la presse Claude Leicher, président du premier syndicat chez les généralistes, estimant les différentes revalorisations obtenues à "16.000 euros par an" par médecin. Un résultat "inespéré" à l'heure où "le pays connaît de grandes difficultés économiques" et qui met fin selon lui à l'"injustice" connue par les généralistes par rapport aux spécialistes depuis des années.
A lire aussi : Santé : les Français peinent à trouver un médecin
Lors de la précédente rencontre, jeudi dernier, le directeur général de l'Assurance maladie Nicolas Revel avait proposé une revalorisation en deux étapes, un euro le 1er avril 2017 et un autre le 1er décembre. La consultation chez le généraliste est fixée à 23 euros depuis 2011.
En revanche, le premier syndicat de la profession, la CSMF (spécialistes et généralistes), a réservé sa réponse et s'est montré critique. "Il y a encore beaucoup de choses à revoir, même s'il y a des avancées" a déclaré devant la presse son président, Jean-Paul Ortiz. "On se félicite du 25 euros au 1er mai, mais pour nous cela n'est qu'un des points durs", a-t-il ajouté.
Autre revendication satisfaite mercredi, l'avis ponctuel de consultant, demandé à un spécialiste par un médecin traitant, passerait à 50 euros (contre 46 actuellement). Mais cet acte n'augmenterait que de deux euros en juillet 2017, puis de deux autres en octobre 2018, une date beaucoup trop lointaine pour la CSMF, a insisté M. Ortiz. "La CSMF ne signera pas le texte aujourd'hui" a-t-il dit, rappelant que son syndicat tiendrait une "assemblée générale" le 25 août, celle "de la dernière chance". "Je veux donner le plus de temps possible à la Cnamts (Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés, ndlr) et au gouvernement pour répondre à nos demandes".
A lire aussi : Bretagne : des maires ne trouvent pas de médecin et engagent... un druide
Selon M. Ortiz, "60 millions d'euros" supplémentaires ont été mis sur la table mercredi par rapport aux près de 920 millions proposés la semaine dernière par l'Assurance maladie. En comptant les complémentaires santé, l'enveloppe globale passerait à "1,3 milliard d'euros" en 2019, le double de la précédente convention, selon M. Leicher. L'union nationale des organismes d'assurance maladie complémentaire doit valider formellement son investissement le 16 septembre.
Cinq mois de négociations
Après cinq mois de travaux, la CSMF, la FMF, le SML (généralistes et spécialistes), MG France (généralistes) et le Bloc (chirurgiens, gynécologues-obstétriciens et anesthésistes) attendaient les derniers ajustements sur cette convention, à la base des conditions d'exercice et des honoraires des 115.000 médecins libéraux. Le Bloc avait déjà semblé prêt à parapher le texte, dès jeudi dernier. Maintenant que MG France est prêt à signer, il ne manquerait plus que l'un des trois autres syndicats pour obtenir 30% des voix et valider une convention.
Le coût de la revalorisation à 25 euros de la consultation, même appliquée en une seule fois, restera dans le budget de 400 millions qui avait été arrêté pour 2017 par l'Assurance-maladie, en raison de l'étalement dans le temps d'autres revalorisations, a expliqué M. Leicher. En année pleine, ces deux euros supplémentaires coûteront 445 millions d'euros à l'Assurance-maladie.
Hiérarchisation des consultations
La convention prévoit aussi une hiérarchisation des consultations selon leur complexité avec des actes à 25, 30, 46 et 60 euros ou encore une aide de 50.000 euros pour l'installation dans les déserts médicaux.
"Manques de moyens" et de "vision d'avenir" avaient conduit la CSMF, premier syndicat de la profession, à rejeter samedi, lors d'une première assemblée générale, la mouture proposée la semaine dernière par l'Assurance maladie. La FMF discutera le texte final en conseil d'administration le 30 juillet, tandis que le SML consultera ses troupes en AG le 25 août, soit un jour avant la date limite pour un accord. En cas d'échec, un règlement arbitral, moins avantageux, selon l'Assurance maladie, serait confié au haut fonctionnaire Bertrand Fragonard.