Une nouvelle grève à la SNCF, cette fois illimitée, débute mardi soir à l'initiative des trois premiers syndicats qui entendent peser dans la phase finale des négociations sur le temps de travail des cheminots, mais les premières perturbations sont attendues mercredi.
Il s'agit de la huitième journée de grève depuis début mars au sein du groupe ferroviaire. La CGT-cheminots (premier syndicat) promet "une grosse mobilisation". Le groupe public ferroviaire communiquera ses prévisions moyennes de trafic mardi avant 9H00, a-t-il indiqué à l'AFP. A une dizaine de jours du lancement de l'Euro-2016 de football, le gouvernement et la SNCF font face à un potentiel mouvement dur, sous l'impulsion principalement de la CGT-Cheminots et de SUD-rail (troisième force), très mobilisés également contre la loi travail.
Les négociations sociales dans le rail, dont les bases ont été posées en février par le gouvernement, sont entrées dans leur dernière ligne droite. Avec la direction de la SNCF, elles portent sur une nouvelle organisation du temps de travail plus flexible. Avec le patronat du secteur ferroviaire, sur une convention collective unique au secteur (fret/voyageurs, SNCF/privé) en vue de l'ouverture élargie à la concurrence à partir de 2020.
Lundi, la fragile unité syndicale s'est fissurée: la CFDT (quatrième force) a levé son préavis en estimant que "des décisions fortes (allant) dans le sens de l'apaisement" avaient été prises par le gouvernement à l'issue d'un week-end d'intenses tractations. L'Unsa a pour sa part salué de "réelles avancées" pour les cheminots. Mais jugeant les propositions sur la table encore "trop instables", le deuxième syndicat a décidé de maintenir son préavis.
Rumeurs de démission
La CGT-Cheminots et SUD-Rail ont été laissés à l'écart de ces négociations de dernière minute entre le secrétaire d'Etat aux transports, Alain Vidalies, les deux syndicats réformistes et la SNCF. Le "relevé de décisions" communiqué aux deux syndicats doit servir d'"ossature au projet d'accord" que proposera l'entreprise dans les prochains jours, selon la CFDT.
Son numéro un, Didier Aubert, a salué "le courage du gouvernement" à "forcer la main de l'entreprise". La situation a alimenté toute la journée de lundi les rumeurs de démission du président de la SNCF, Guillaume Pepy. Ce texte consacre, à quelques exceptions près, le maintien des règles actuelles, notamment pour protéger les repos hebdomadaires des conducteurs.
Mais il prévoit aussi la possibilité, pour les seuls syndicats signataires, de négocier des accords dérogatoires lorsque les "conditions économiques locales ou sectorielles particulières le justifient".
Dimanche, le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, s'est dit persuadé qu'il "n'y aura(it) pas de grèves de trains et de métro" pendant l'Euro de football, disant ne pas "croire une seule seconde" que les syndicats de la SNCF et de la RATP, où les difficultés sont à prévoir à partir de jeudi, "prennent en otage la France".