Emmanuel Macron enfonce le clou. Dans une interview aux Echos, le ministre de l’Economie suggère d'aller plus loin que la loi Travail et enjoint les entreprises à préférer les investissements productifs aux augmentations salariales.
Interrogé sur la nécessité d'aller au delà de la future loi El Khomri, qui se limite essentiellement au temps de travail, Emmanuel Macron a répondu par l’affirmative. Selon lui, «il faudra élargir le champ de la négociation collective au niveau de l'entreprise à d'autres domaines. Plus on ira vers l'entreprise, plus ce sera efficace. On ne peut pas prétendre aimer l'industrie et refuser les conditions de son succès». Le projet de loi travail a été adopté en première lecture à l'Assemblée nationale à la faveur de la procédure du 49.3, et doit désormais passer entre les mains des sénateurs.
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D’autres prises de positions du ministre de l’Economie risquent de faire l’objet de vives discussions au sein de la majorité dans les prochains jours. Notamment sur les salaires. «Sur la fonction production, nous avons rattrapé une bonne partie de notre retard compétitivité-coût des années 2000 via le pacte de responsabilité, le CICE et la fin de la modération (salariale) allemande depuis 2013», constate le ministre. «Mais il faut tenir et maintenir l'impact de cette dévaluation fiscale. Et la clef, c'est la modération salariale» fait-il valoir.
L'investissement plutôt que les dividendes
Et d’interpeller les entreprises : «Je leur dis: ‘Ayez une préférence pour l'investissement et l'emploi-formation plutôt que pour les dividendes et les salaires!’». «Pour relancer l'industrie française, il faut du temps et il faut privilégier l'investissement productif. Pour les salaires, il faut privilégier des négociations salariales au plus proche de la situation de l'entreprise», a-t-il souligné.
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Concernant le débat sur la limitation des salaires des patrons, Emmanuel Macron a réitéré son opposition au passage par la voie législative : «Evitons la réponse réflexe consistant à dire : ‘Il y a un problème, faisons une loi.’ Il est hypocrite de déclarer ‘limitons la rémunération des dirigeants à 100 fois le SMIC’, alors que suivant la Constitution la loi ne peut pas limiter la rémunération des patrons avec un plafond fixe», a-t-il dit.
«Pourquoi limiter le débat aux patrons par ailleurs ? Que ferait-on pour les artistes ? Pour les sportifs ?», a-t-il ajouté. Selon lui, c’est aux «conseils d'administration de fixer le niveau acceptable», regrettant seulement qu’il y ait «trop souvent» de la «connivence» avec «des administrateurs parfois trop proches des dirigeants».