L'état franchit ce vendredi un nouveau cap contre le tabagisme, avec la mise en place du paquet de cigarette neutre.
«C’est laid et c’est fait pour.» C’est en ces termes que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a défendu jeudi cette initiative, qui entre en vigueur aujourd’hui. Une petite révolution pour les fumeurs, dont l’arrivée va se faire de façon progressive. En effet, désormais, les fabricants de tabac n’ont plus le droit de produire pour le marché hexagonal des paquets de cigarettes «normaux», mais des emballages sans logo, verts, présentant uniquement des avertissements sanitaires et des photos de personnes malades.
Puis, à compter du 20 novembre, les fournisseurs ne pourront plus livrer que des paquets neutres aux débitants de tabac, lesquels vendront les deux types de marchandises d’ici à la fin de l’année, pour écouler leurs stocks. La disparition définitive des anciens paquets interviendra, au final, le 1er janvier 2017.
Producteurs et buralistes en colère
Unique en Europe, car seulement utilisée aujourd’hui en Australie, cette mesure a pour but de «casser le côté attractif» des paquets actuels, selon la ministre, et donc de réduire une consommation stagnante. Mais alors que plusieurs producteurs de tabac ont porté l’affaire devant le Conseil d’Etat, évoquant un non-respect des droits de propriété intellectuelle, les buralistes sont aussi sur la défensive.
Ces derniers, qui craignent de ne pas pouvoir écouler tous leurs paquets «normaux» d’ici à la fin de l’année, estiment que l’arrivée du paquet neutre va «complexifier» leur quotidien, comme estime la Confédération des buralistes. Ils prévoient aussi une concurrence accrue des débitants des pays voisins, et une croissance du marché parallèle. Une colère qui pourrait ne pas s’éteindre de sitôt, puisque Marisol Touraine a indiqué hier que l’idée d’une nouvelle hausse des prix du tabac était bel et bien sur la table.