Les associations locales ont soutenu lundi que le nombre de migrants campant dans la moitié sud de la "jungle", qu'ils doivent officiellement évacuer d'ici mardi soir, était plus de trois fois supérieur à celui fourni par les autorités, réaffirmant leur hostilité à cette évacuation.
Vendredi, invoquant "l'extrême urgence" en raison de multiples incidents provoquant une tension croissante dans le Calaisis, la préfecture avait pris un arrêté, qui a été affiché le jour même dans le camp, ordonnant aux occupants de la zone sud du camp dit de la Lande de quitter les lieux d'ici mardi 20H00, faute de quoi les forces de l'ordre interviendront.
Cette demande des autorités avait été formulée une semaine plus tôt auprès des migrants, via les associations actives dans la "jungle". Elle fait l'objet d'un référé de ces associations, suspensif, qui doit être plaidé devant le tribunal administratif de Lille mardi après-midi et précédé d'une visite sur place d'un magistrat de cette juridiction, selon des militants associatifs.
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Selon la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, "entre 800 et 1.000 personnes" campent dans la zone à évacuer. Mais, dans une conférence de presse commune au siège de l'Auberge des Migrants, une demi-douzaine d'associations (Secours catholique, Emmaüs...) ont affirmé que le projet concernait "3.450 personnes, dont 300 mineurs isolés" tandis que "1.900 personnes dont 100 mineurs isolés" campent dans la zone nord.Pour procéder à ce recensement, "nous avons divisé la zone en neuf secteurs et une vingtaine d'équipes de deux personnes qui connaissaient bien la jungle, ont compté les migrants tente par tente", a expliqué Annie Gavrilescu, une bénévole britannique.
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Selon Vincent De Coninck, bénévole au Secours Catholique, l'expulsion des récalcitrants "risque d'entrainer le déplacement des migrants vers d'autres camps dans la région, ce qui ne ferait que déplacer le problème". L'Etat veut que les migrants de la zone sud aillent s'installer dans les conteneurs chauffés du Centre d'accueil provisoire jouxtant la "jungle", où 300 place sur un total de 1.500 restent disponibles, ou partent du Calaisis pour rejoindre l'un des 102 Centres d'accueil et d'orientation (CAO) aménagés à leur intention un peu partout en France. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve devait visiter l'une de ces structures pour en faire la promotion, lundi au Mans.
Mais selon le Secours catholique, "beaucoup de migrants ne veulent pas aller en CAO, car n'ayant pas renoncé à leur projet de rejoindre l'Angleterre". M. De Coninck a déclaré que les associations n'étaient pas "pour le maintien du bidonville", mais qu'elles trouvaient les solutions proposées par la préfecture "pas suffisantes". "On n'est pas dans une opposition stérile et idéologique", a-t-il dit.
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La préfecture du Pas-de-Calais a justifié la fermeture de la zone sud entre autres par "les exactions" commises par des migrants, notamment sur l'axe routier stratégique menant au port, et qui "sont à l'origine d'une aggravation du niveau de tension" avec "la population calaisienne au cours des trois dernières semaines".
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Lundi après-midi devait aussi s'ouvrir à Boulogne-sur-Mer le procès se huit manifestants (six migrants et deux militants "No border"), pour être montés de force en janvier sur un ferry dans le port de Calais. Depuis les faits, les six migrants sont en détention provisoire. L'action s'était déroulée à l'issue d'une manifestation de migrants et de sympathisants de plusieurs pays européens, qui réclamaient l'ouverture de la frontière avec le Royaume-Uni. 24 migrants et 11 militants de No Border avaient été interpellés, dont les huit, qui étaient restés sur le bateau pendant trois heures.
L'intrusion sur le ferry était survenue au moment où la préfecture du Pas-de-Calais bouclait dans le calme la première phase de "l'amaigrissement" de la "jungle" avec le déménagement d'entre 500 et 700 migrants vivant sur une bande de 100 m de profondeur surplombée par la rocade portuaire.