Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et le nouveau garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas reçoivent mercredi à Paris les principaux élus de la région de Calais, épicentre de la crise migratoire en France avec son campement de plusieurs milliers de personnes.
La réunion devrait être l'occasion pour la maire de Calais Natacha Bouchart et le président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie Xavier Bertrand (Les Républicains) de réitérer leurs appels à la "fermeté" face aux incidents répétés opposant les migrants aux forces de l'ordre.
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Heurts aux abords du campement, intrusions sur la rocade... Dimanche, un CRS a été blessé par des projectiles lancés par des migrants. L'un des incidents les plus médiatisés s'était produit il y a deux semaines, lorsqu'une cinquantaine de personnes avait réussi à monter à bord d'un ferry à l'issue d'un défilé pro-migrants de 2 000 personnes. Les manifestants avaient été délogés par les forces de l'ordre quelques heures plus tard mais cet incident exceptionnel avait incité Xavier Bertrand à demander une "réunion de crise" au gouvernement.
Il avait aussi invité le président de la République à "venir sur place" constater le "drame terrible sur tous les plans: humanitaire, économique et social" que vit la population. De son côté Natacha Bouchart avait dénoncé "un échec du gouvernement".
Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on souligne que la table ronde de mercredi, à laquelle participera aussi le député PS Yann Capet, est une "réunion de travail, dans le cadre d'un dialogue permanent avec les élus", et la suite d'une précédente réunion le 23 décembre à Beauvau. L'idée est de répéter que "l'Etat est aux côtés des Calaisiens et de leurs élus", assure-t-on de même source, en rappelant que 50 millions d'euros ont été débloqués dans le cadre du contrat territorial du Calaisis.
Après les incidents de janvier, Bernard Cazeneuve avait promis la "totale fermeté de l'Etat" en répétant que "ceux ne relevant pas du statut de réfugié doivent être reconduits à la frontière" et nous devons "poursuivre le démantèlement des filières de l'immigration irrégulière".
Plan sécuritaire et plan humanitaire
C'est la doctrine immuable du gouvernement face à ce campement où les migrants - Erythréens, Soudanais...- attendent un hypothétique passage vers la Grande-Bretagne, vue comme un eldorado. Pour le résorber, les pouvoirs publics déploient d'une part un volet sécuritaire, avec un renforcement des forces de l'ordre depuis octobre pour étanchéifier le tunnel et une politique de lutte contre les filières - 28 ont été démantelées en 2015, contre 14 l'année précédente.
Parallèlement, sur le plan humanitaire, les autorités ont ouvert des places d'hébergement pour les publics vulnérables et commencé à installer sur le bidonville des conteneurs pouvant accueillir 1 500 personnes - 680 places sont occupées actuellement. Les migrants sont aussi incités à demander l'asile ou au moins à y réfléchir dans des centres éloignés de Calais. Cette politique a permis de faire baisser la jauge de 6 000 à 3 700 personnes, affirme-t-on au ministère.
Mais parallèlement, un nouveau bidonville s'est développé à une quarantaine de kilomètres de là, à Grande-Synthe (Nord), où près de 2 000 personnes vivent dans des conditions très insalubres. Même s'il n'est pas cautionné par l'Etat, un campement en dur, aux normes internationales, doit ouvrir d'ici trois semaines pour remplacer ce bidonville.
Enjeu politique
La situation dans le Calaisis est également devenue un enjeu politique, exploité par le FN dont le chef de file au Conseil régional, Philippe Emery, s'en est violemment pris à Xavier Bertrand la semaine dernière pour sa gestion de la crise migratoire.
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Pour sortir de cette situation, le président de la région a plusieurs fois appelé les Britanniques à prendre leurs responsabilités autrement que sur le plan financier. Mais à l'heure où les Européens tentent de trouver le moyen d'éviter un "Brexit", une remise en question des accords du Touquet (qui instituent la frontière à Calais, NDLR) semble peu probable.