Le parti populiste allemand l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) a suscité ce week-end un tollé outre-rhin après avoir suggéré que la police fasse "au besoin" usage d'armes à feu pour empêcher les réfugiés d'entrer dans le pays.
C'est une déclaration de Frauke Petry, la présidente de l'AfD, au quotidien régional Mannheimer Morgen samedi 30 janvier qui a mis le feu aux poudres. «Nous avons besoin de contrôles efficaces afin qu’il n’y ait plus autant de demandeurs d’asile non enregistrés qui entrent par l’Autriche», a-t-elle déclaré. «Au besoin», a-t-elle ajouté, les forces de police à la frontière «devraient pouvoir faire usage de leur arme à feu, c’est inscrit dans la loi».
Tentant ensuite d'adoucir son propos, la présidente de l'AfD a ajouté : «Aucun policier ne veut tirer sur un réfugié, je ne le veux pas non plus. Mais en dernière instance, on doit pouvoir avoir recours aux armes».
Vague de protestations
Ces déclarations, intervenant dans un contexte sensible après les agressions de Cologne et alors que les attaques contre des foyers de réfugiés se multiplient, ont immédiatement été fustigées par les adversaires politiques de l'AfD mais également par les forces de l'ordre. Ainsi, le président du syndicat de la police GdP, Jörg Radek, a fermement réagi en publiant un communiqué : «Aucun policier ne serait prêt à tirer sur des migrants. Quiconque suggère d'en arriver à des méthodes aussi radicales veut manifestement suspendre l'État de droit et instrumentaliser la police». Evoquant le passé du pays, il a ajouté : «Nous avons déjà été face à cela au cours de l'histoire allemande, et nous ne voulons plus jamais ça».
Le chef du groupe parlementaire social-démocrate (SPD), Thomas Oppermann, a dénoncé «une mobilisation de l'opinion publique insupportable contre les réfugiés». Konstantin von Notz, un député de l'opposition, a pour sa part critiqué des propos «irresponsables». Selon lui, Frauke Petry «fournit au terrorisme d'extrême droite la légitimation de ses crimes».
Crédité à l'heure actuelle de 13% d'intentions de vote, l'AfD fait figure de 3e force politique en Allemagne. À l'origine formé sur une plate-forme anti-euro en pleine crise de la dette, le parti a depuis réorienté son message vers le refus de l'immigration.