Un couple d'enseignants de Grenoble (Isère) est suspecté d'avoir détourné près de 600 000 euros destinés à des associations d'aide aux adultes handicapés. Ils ont été mis en examen vendredi, a-t-on appris auprès du parquet.
Ils ont été qualifiés de "Thénardier du handicap" par une source proche de l'enquête. Ces deux professeurs de physique-chimie, un homme de 47 ans et une femme de 45 ans, ont été mis en cause après un signalement en 2013 de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy.
Des mouvements suspects avaient été repérés sur les comptes de deux associations à but non lucratif qu'ils avaient créées et qui organisaient des séjours de vacances pour les personnes handicapées.
L'enquête, confiée à la police judiciaire de Grenoble, a mis au jour des détournements de fonds s'élevant à 575 000 euros depuis 2011, selon le parquet, confirmant une information du Dauphiné Libéré.
Les deux professeurs, qui enseignent à mi-temps dans des lycées grenoblois, faisaient régulièrement d'importants retraits d'espèces sur les comptes des associations et se rémunéraient aussi sous forme de salaires (69 000 euros chacun sur trois ans). Ils louaient aussi 1000 euros par mois une pièce de leur maison mise à disposition des associations.
Train de vie modeste
"Eux-mêmes vivent chichement : tout avait été épargné sur des comptes bancaires et des assurances-vie", a indiqué le procureur adjoint Olivier Nagabbo.
Les deux suspects, qui n'ont pas d'enfants, voyageaient peu, n'avaient pas d'oeuvres d'art ou d'objets de luxe "ostentatoire". L'homme préparait l'agrégation de philosophie.
"Ils ne comprennent pas ce qu'on leur reproche. Ils disent que les salaires étaient justifiés et que des espèces leur ont été volées ainsi qu'un ordinateur comprenant des pièces de comptabilité" justifiant les retraits, a indiqué M. Nagabbo.
Quant à l'argent épargné, "ils disent que ce sont les économies de toute une vie", a ajouté le magistrat.
Présentés à une juge d'instruction, ils ont été mis en examen jeudi pour abus de confiance, blanchiment de fraude fiscale et blanchiment d'abus de confiance, et placés sous contrôle judiciaire.
La juge d'instruction a procédé à des saisies de fonds en vue d'une éventuelle confiscation par le tribunal.