Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est rendu mercredi en Corse afin d'afficher la fermeté de l'Etat après les manifestations racistes de la semaine dernière.
"Il n'y a en Corse de place, ni pour la violence, ni pour le racisme. Et je suis convaincu que c'est là la volonté de l'ensemble de ceux qui vivent en Corse", a déclaré le ministre en arpentant un terrain de sport du quartier populaire des Jardins de l'Empereur, théâtre des incidents.
Arrivé en Corse peu avant 9H00, M. Cazeneuve était accompagné de plusieurs responsables politiques et administratifs de l'île, notamment le préfet de Corse, le procureur d'Ajaccio et le maire de la ville. Il s'est rendu à la caserne des pompiers qui avaient été agressés le soir de Noël.
"Non, clairement, la Corse n’est pas une zone de non-droit !", a affirmé de son côté le Premier ministre Manuel Valls dans un entretien mercredi au quotidien Le Parisien/Aujourd'hui-en-France.
"L’État ne reculera jamais", a-t-il ajouté en soulignant que "les premières interpellations ont eu lieu" et que "l'ensemble des auteurs, que ce soit du guet-apens ou des dégradations, seront identifiés et déférés devant la justice".
A Ajaccio, M. Cazeneuve a salué les quatre fonctionnaires présents dans le camion d'intervention le soir des faits et s'est ensuite entretenu, à huis clos, avec des représentants du Syndicat des travailleurs corse (STC).
Sa venue survient six jours après les violences qui ont éclaté le 24 décembre dans ce quartier des hauteurs de la ville. Deux pompiers et un policier ont été agressés lors d'une embuscade la nuit de Noël. Ces actes ont provoqué dans les jours suivants des manifestations racistes et le saccage d'une salle de prière musulmane.
Bernard Cazeneuve devait aussi s'entretenir avec les habitants des Jardins de l'Empereur et visiter la salle de prière vandalisée, puis rendre visite aux policiers et gendarmes, avant de rencontrer les représentants du conseil régional du culte musulman en fin de matinée.
Depuis les premières violences l'après-midi du 24 (une école saccagée, des incendies de palette...) et le "guet-apens" tendu ensuite aux pompiers, le quartier des Jardins de l'Empereur a été le théâtre de plusieurs manifestations, lors desquelles ont été proférés des propos racistes tels que "Arabi fora" (les Arabes dehors).
"Deux mises en examen"
Mardi, deux hommes soupçonnés d'être impliqués dans des violences de l'après-midi du 24 décembre ont été mis en examen.
L'un des suspects, âgé de 18 ans et connu des services judiciaires, a été mis en examen pour "dégradations par un moyen dangereux", et écroué pour avoir mis feu à des palettes dans l'après-midi. Le second suspect, âgé de 19 ans et inconnu des services de police, a été mis en examen pour "complicité de dégradations" et placé sous contrôle judiciaire. Les deux hommes font également l'objet de poursuites pour "intrusion dans un établissement public", une école.
A ce stade, aucun des deux suspects n'est directement relié à l'agression de pompiers.
"S'en prendre aux pompiers, c'est se mettre en dehors de la civilisation", a dit mardi l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni, nouveau président de l'Assemblée de Corse, aux côtés des pompiers réunis dans la cour de la caserne d'Ajaccio.
Lors de ce rassemblement de pompiers, de sauveteurs en mer et de personnels du Samu de l'île auquel assistaient quelques centaines de personnes les représentants des pompiers ont appelé une nouvelle fois au calme, réprouvant fermement les violences.
"Nous pensons que le message d'un meilleur vivre-ensemble a été entendu et que le temps de l'apaisement et des actions concrètes est venu", a déclaré à la tribune l'adjudant-chef Jean-François Suzini.
L'apaisement est revenu dans le quartiers des Jardins de l'Empereur : "C'est calme, même trop calme. Maintenant les gens ont peur que ça recommence", a témoigné mardi un commerçant.