Les deux hommes placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur l'agression de deux pompiers et d'un policier dans un quartier populaire d'Ajaccio le soir de Noël devaient être présentés à la justice mardi, alors qu'un nouveau rassemblement de soutien aux pompiers s'est déroulé après plusieurs manifestations racistes au cours du week-end.
Ces deux suspects, interpellés dimanche, et dont la garde à vue a été prolongée lundi, devaient être déférés au parquet dans la journée, selon le procureur d'Ajaccio Eric Bouillard.
"S'en prendre aux pompiers, c'est se mettre en dehors de la civilisation", a lancé l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni, nouveau président de l'Assemblée de Corse, qui a pris la parole, en fin de matinée, au côté des pompiers dans la cour de la caserne.
Quelques centaines de personnes étaient réunies dans le calme, en soutien aux pompiers pris pour cible, a constaté un journaliste, pour écouter cette conférence de presse, au cours de laquelle les représentants des pompiers ont appelé une nouvelle fois au calme, tout en se montrant ferme sur les violences.
"Nous pensons que le message d'un meilleur vivre-ensemble a été entendu et que le temps de l'apaisement et des actions concrètes est venu", a déclaré à la tribune l'adjudant-chef Jean-François Suzini.
"Nous ne pouvons nous résoudre à devoir nous adapter à des violences urbaines telles que peuvent les subir nos collègues continentaux", a ajouté l'adjudant-chef. "Nous ne tolèrerons plus d'autres agressions" et "nous refusons catégoriquement d'intervenir sous escorte policière", a-t-il ajouté.
Des représentants de sauveteurs en mer et du samu étaient venus montrer leur soutien avec leurs collègues.
"Que ce soit les pompiers, les sauveteurs, les gendarmes, le samu ou la police, nous sommes tous des services de l’État, pour protéger. On ne peut pas accepter d'être agressés", explique Patrick Sumureau venu avec une dizaine de confrères sauveteurs en mer, tous vêtus d'une polaire orange.
Le maire d'Ajaccio, Laurent Marcangeli, a exhorté les pompiers à poursuivre leur travail et demandé "que chaque zone d'Ajaccio et de la corse soit des zones où chacun puisse se rendre, travailler".
A la fin de la conférence de presse, la foule a entonné un Dio Vi Salve Regina (Dieu bénissez la Corse), considéré comme le grand hymne corse.
Un peu plus loin, le calme régnait dans le quartier des Jardins de l'Empereur, où, le 24 décembre, des incidents avaient eu lieu d'abord l'après-midi, avant l'agression de deux pompiers et d'un policier attirés dans une embuscade durant la nuit de Noël. Aucun membre des forces de l'ordre n'était visible mardi matin.
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Ces événements avaient été le déclencheur d'une vague de protestations et des manifestations quotidiennes de plusieurs centaines de personnes dans ce quartier pendant trois jours. Vendredi, une salle de prière musulmane a été saccagée en marge de la première marche. Celle-ci avait été émaillée de propos racistes, comme "Arabi fora" (Les arabes dehors), des propos également repris lors de la manifestation de samedi.
Ces dérapages avaient conduit le préfet de Corse Christophe Mirmand à prendre, dans la nuit de samedi à dimanche, un arrêté d'interdiction de manifester dans le quartier.
"C'est calme, même trop calme. Maintenant les gens ont peur que ça recommence", témoigne un commerçant qui souhaite que "les gens qui ont fait ça" soient "attrapés" par la police.
S'agissant des deux hommes suspectés d'avoir pris part à ces violences, le procureur d'Ajaccio avait expliqué peu après leur interpellation dimanche que l'implication de ces deux jeunes, issus du quartier et connus pour des actes de délinquance faisait encore l'objet d’investigations.
Lundi, les policiers ont tenté d'interpeller un troisième homme, soupçonné d'avoir participé aux incidents dans l'après-midi du 24 décembre dans la cité des Jardins de l'Empereur à Ajaccio, selon une source judiciaire.
Lorsque les policiers sont arrivés, celui-ci avait déjà pris la fuite, a-t-on précisé de même source, indiquant qu'il aurait quitté la Corse.
Selon la même source, un proche de cette personne a été conduit au commissariat pour y être entendu en tant que témoin.