Lors d'une conférence de presse dimanche soir, le procureur d'Ajaccio, Eric Bouillard, a annoncé que les deux hommes placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur les incidents survenus dans l'après-midi du 24 décembre au quartier des Jardins de l'Empereur, allaient être déférés "lundi ou mardi".
Le procureur a déclaré qu'il s'agit "de deux jeunes hommes du quartier connus de la police". Un peu plus tôt dans la journée, une source judiciaire sous couvert d'anonymat citée par l'AFP avait indiqué qu'il s'agissait de deux hommes âgés d'une vingtaine d'années.
Le premier avait été interpellé dans le quartier pour être interrogé sur des événements qui se sont produits dans l'après-midi du jeudi 24 décembre et qui ont précédé l'agression le soir de Noël de deux pompiers et d'un policier. Toujours selon cette source, le second jeune homme s'est présenté de lui-même aux policiers.
"Sur les faits du 24 décembre, deux personnes sont en garde à vue ce soir. Elles ne sont pas la résultante des manifestations des derniers jours", a précisé Eric Bouillard, déplorant que "les citoyens n'ont pas à rendre justice eux mêmes."
Vendredi, en fin de journée, plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées pour "retrouver les agresseurs" des deux pompiers et du policier blessés dans des échauffourées. En marge de ce rassemblement, un petit groupe avait saccagé une salle de prière musulmane et tenté de mettre le feu à des exemplaires du Coran. Le procureur d'Ajaccio a précisé que "plusieurs enquêtes sont en cours. S'agissant des dégradations, cette enquête mobilise l'essentiel des services."
Samedi, pour la deuxième journée consécutive, des centaines de manifestants s'étaient à nouveau rendus dans plusieurs quartiers populaires d'Ajaccio, dont les Jardins de l'Empereur, aux cris de : "on est chez nous", "Arabes dehors".
Le quartier "sanctuarisé"
Un peu plus tôt dimanche, les forces de l'ordre avaient mis en place un dispositif pour "sanctuariser" le quartier des Jardins de l'Empereur à Ajaccio dans l'hypothèse d'une nouvelle manifestation dans l'après-midi, avait indiqué la police.
"On a sanctuarisé l'accès au quartier de manière à faire appliquer l'arrêté d'interdiction de manifester dans le quartier des jardins de l'Empereur", avait indiqué le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) Patrice Vaiente. Un dispositif composé d'"une demi-compagnie de CRS et deux escadrons de gendarmerie", soit 150 hommes déployé pour protéger l'entrée du quartier, a précisé M. Vaiente, expliquant qu'une nouvelle manifestation était annoncée dimanche après-midi.
Dans la nuit de samedi à dimanche, le préfet de Corse, Christophe Mirmand, avait pris un arrêté d'interdiction de manifester et de se rassembler au moins jusqu'au 4 janvier dans ce quartier populaire d'Ajaccio "compte tenu des incidents qui s'y sont déroulés à deux reprises et des manifestations qui s'y sont caractérisées par des propos extrêmement violents", avait-il expliqué.