Une cérémonie exceptionnelle se tient vendredi matin, aux Invalides, en hommage aux 130 victimes des attentats de Paris. La commémoration est à la hauteur de la douleur d'un peuple qui tente de se rassembler.
C’est une première dans l’histoire de France : dans la cour des Invalides, l’hommage va être rendu à des dizaines de civils. Un honneur jusque-là réservé aux militaires, preuve que les personnes tuées sont des victimes de la guerre contre le terrorisme.
Sur une scène tout en longueur, les familles des défunts, les plus de 300 blessés en capacité de se déplacer et les secouristes en poste le soir des attentats feront bloc ensemble. Une union nationale représentée aussi sur le plan politique : responsables du corps diplomatique, gouvernement au complet et chefs de partis seront côte à côte.
Une cérémonie tout en sobriété
En tout, plus d’un millier de personnes seront rassemblées pour dire adieu à ceux dont les noms seront lus, un par un, dans le silence, avant que ne résonne la Marseillaise, jouée par la garde républicaine.
Un moment solennel que François Hollande a voulu «très sobre», lui qui, seul, prendra la parole. Dans ce lieu chargé d’histoire, il compte s’adresser à une génération meurtrie, sachant que plus de la moitié des morts n’avaient pas 35 ans. Le président veut tenter de protéger l’espoir, et demande à tous les Français de l’accompagner, en redonnant vie aux couleurs de la République.
Un drapeau brandi
Depuis les attentats, un vent patriotique souffle sur le pays. Sur les réseaux sociaux, aux fenêtres ou dessinée sur un poteau dans la rue, la bannière bleue-blanc-rouge ne s’est jamais autant affichée.
«Le drapeau est devenu le symbole d’un style de vie à la française, celui des cafés et des terrasses», explique François de Singly, sociologue à l’université Paris-Descartes. En devenant, d’une certaine manière, étendard de la liberté, le drapeau tricolore s’est «déringardisé».
Le spécialiste parle d’un vrai «mouvement collectif», qui risque de s’inscrire dans la durée. Même s’il est peu probable que les Français imitent des Américains si fiers de leurs couleurs, «nos histoires étant trop différentes».
Preuve que cet élan patriotique reste fragile, certains hésitent encore à s’afficher en bleu-blanc-rouge. Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) a ainsi rappelé à l’ordre ses troupes : «Je demande qu’on entende bien, surtout parmi mes amis […] qui y voient la trace d’un nationalisme», que le drapeau est une manière de dire que «nous formons une communauté républicaine», a-t-il averti.
Repères
93 % des Français se disent attachés au drapeau tricolore.
6 Français sur 10 apprécieraient de voir du bleu-blanc-rouge sur les façades et dans les jardins, à l'image des Etats-Unis.
36 % des sympathisants de droite disent que l'étendard est leur symbole préféré. Il devance ainsi la devise «liberté, égalité, fraternité» et la figure de Marianne.
80 % des citoyens associent spontanément le drapeau à la Résistance. Les Français le rapprochent aussi aux notions de liberté et de fierté.
9 personnes sur 10 se sont dites émues par les illuminations aux couleurs de la bannière tricolore dans le monde entier.
83 % des Français soutiennent les internautes, qui ont rajouté du bleu-blanc-rouge sur la photo de leur profil Facebook.
Source : sondage Odoxa pour le journal Le Parisien.