Le DRH agressé lors du comité central d'entreprise (CEE) d'Air France au début du mois revient, dans une interview au Parisien du 26 octobre, sur ces événements marquants.
"C'est la cohue, ça pousse, ça tire", se remémore le cadre dirigeant, dont la chemise avait été arrachée par des salariés en colère alors qu'il annonçait un plan de restructuration menaçant 2 900 postes. Il évoque l'ambiance "déjà tendue" à l'ouverture de la réunion, le 5 octobre : "Des SMS réguliers m'informent que les manifestants s'approchent. Vers 10h15, ils sont prêts du siège. À ce stade, nous avons encore confiance dans le portail".
Le DRH explique ensuite comment tout s'est accéléré en "quelques minutes": "Je reçois un SMS d'un collègue qui est dehors, dans la foule : "Evacuez !", indique-t-il. Le syndicaliste CGT qui coordonne la séance souhaite poursuivre les discussions, pensant "qu'il n'y a pas le feu", puis "tout est confus". Le responsable raconte également comment des responsables syndicaux ont tenté de le protéger, en vain.
"Ma veste se déchire, je la prends dans mes bras avec mes affaires. Nous sommes poursuivis." Et quelques minutes plus tard, une fois sortis : "quelqu'un m'attrape par derrière, tire le col de ma chemise, si fort que le bouton lâche. On me tire vers l'arrière et moi je tire fort dans l'autre sens pour me dégager. Tous les boutons sautent, ma chemise y reste". Avec un autre responsable du groupe, il devra ensuite escalader une grille pour échapper aux manifestants.
Vers des contrats de travail différenciés
Mais le DRH, qui a porté plainte, souhaite désormais tourner cette page et se concentrer sur l'avenir du groupe. Il révèle d'ailleurs dans le même entretien sa volonté de proposer des contrats de travail différenciés aux salariés en fonction de leur productivité. "Si notre objectif est d'augmenter la productivité, on ne veut pas l'imposer à tout le monde", souligne-t-il pour justifier l'instauration de trois contrats différents.
"Dans le premier, le salarié accepte d'atteindre la productivité demandée, son salaire reste identique à celui d'aujourd'hui. Dans le deuxième, il travaille encore plus mais gagne plus. Dans le troisième, enfin, il peut refuser de suivre cette hausse de la productivité, mais alors sa rémunération diminue."Cette proposition a déjà été faite aux pilotes, selon le responsable, qui souhaiterait l'étendre aux hôtesses et aux stewarts. "C'est sur la table", indique-t-il.
Déjà allégée de 5 500 postes entre 2012 et 2014, la compagnie aérienne est dans la tourmente depuis l'échec des discussions entre les pilotes et la direction pour mettre en place un plan de développement prévoyant que tout le personnel navigant vole une centaine d'heures de plus par an. C'est faute d'accord sur ce point que la direction a présenté son plan social, qui prévoit la suppression de 300 postes de pilotes, de 900 postes d'hôtesses et de stewarts et de 1 700 postes au sol sur 2016-2017.