L'Arabie Saoudite pourrait épuiser ses réserves financières en moins de 5 ans, selon une récente estimation du Fonds monétaire international (FMI).
Le royaume a en effet de grandes difficultés à parvenir à l'équilibre budgétaire, selon le dernier bilan régional du FMI. En cause, les dépenses sociales exponentielles engagées par les 15 000 membres des six branches de la famille régnante pour s'attirer le soutien de la population. Une hausse du prix du pétrole à 103 dollars (93,5 euros) le baril serait nécessaire pour compenser ces largesses.
La grande majorité des 30 millions d'habitants du pays bénéficie en effet d'un niveau de vie confortable grâce aux subventions gouvernementales. Les Saoudiens sont nombreux à ne pas travailler, et sont rarement formés pour le faire. Sur les 5,5 millions qui exercent un métier, 3 millions sont employés directement par le gouvernement. Le secteur privé, très limité, à tendance à recruter essentiellement des étrangers.
Or la guerre des cours sur le marché des hydrocarbures a entraîné la chute de moitié des revenus du pétrole, principale ressource de l'Arabie Saoudite et de plusieurs autres pays de la région. Voyant leurs excédents budgétaires fondre en une année, la plupart de ces États ont engagé des processus de consolidation budgétaire, par exemple en limitant l'investissement public, en gelant les embauches ou en réformant la politique des prix de l'énergie. Ces mesures devraient permettre à des pays comme le Koweit, le Qatar ou les Emirats Arabes Unis de mieux supporter l'impact de la baisse du cours du pétrole.
Pas d'austérité en Arabie Saoudite
Mais l'Arabie Saoudite, qui a pourtant décalé de six mois le paiement de prestataires qui travaillaient sur des projets d'infrastructures en raison de problèmes de trésorerie, a annoncé qu'elle refusait de mettre en place un plan d'austérité. Le rapport du FMI souligne notamment que des dépenses fiscales massives avaient été annoncées en janvier et en avril dernier, alors que le nouveau roi Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud avait distribué 32 millions de dollars (29 millions d'euros) au peuple pour célébrer son couronnement.
Riyad dispose actuellement de 700 milliards de dollars (635 milliards d'euros) de trésorerie en devises. Mais selon les experts de l'organisation internationale, si les conditions actuelles se pérennisent, le royaume aura épuisé ces réserves dans les cinq prochaines années.
Or, la baisse du prix du pétrole semble durable. Car si l'OPEP prévoit un retour du baril à 80 dollars (72,6 euros) en 2020, le FMI table de son côté sur un baril à 60 dollars (54,5 euros). Les analystes de la banque d'investissement Goldman Sachs prévoient quant à eux que les prix du pétrole restent bas pendant quinze ans, la Libye, l'Iran et l'Irak s'apprêtant à ajouter d'importantes quantités d'hydrocarbure sur le marché.