Nicolas Bonnemaison, l'ex-urgentiste jugé en appel pour "empoisonnement" de patients âgés en phase terminale, a réaffirmé avec force mardi à Angers qu'il n'avait "en aucun cas l'intention de provoquer le décès" lorsqu'il a administré des sédatifs pour soulager la souffrance des malades.
"J'insiste sur ce point; l'intention n'est en aucun cas de provoquer le décès", a déclaré Nicolas Bonnemaison au deuxième jour de son procès devant la Cour d'assises du Maine-et-Loire, en relatant cas par cas ses gestes auprès des sept patients qu'il est accusé d'avoir "empoisonnés". Il avait été acquitté en premier ressort à Pau en juin 2014.
"C'est terrible". "C'est extrêmement fort". "Impressionnant pour tout le monde". Sans fard, l'ex-urgentiste de Bayonne, bien plus calme qu'au premier jour d'audience, a expliqué le déclin de patients en convulsion "pendant 48 heures", avec des "gasps": "un peu comme un poisson qui sort de l'eau", ou qui vont de crise en crise d'épilepsie "si rapprochées qu'il n'y avait pas de prise de conscience entre deux". "On ne s'habitue jamais à l'agonie...", lâche-t-il.
Il a répété qu'avec l'Hypnovel employé sur plusieurs de ces patients, un sédatif "de la famille du Valium ou Rivotril", on "ne sait pas si la vie va être abrégée du fait de l'Hypnovel ou de l'état" du patient. "Il peut être encore vivant quelques minutes, quelques heures", a-t-il insisté. M. Bonnemaison a aussi reconnu avoir, dans un cas, injecté à une patiente du Norcuron (famille du curare). Là encore, non pour provoquer la mort, "mais avec l'objectif de soulager".
"J'ai toujours été discret, mais je ne me suis pas caché. Je n'ai pas honte de ce que j'ai fait", a-t-il dit.
Enfin, il a une nouvelle fois replanté le décor de gestes de 2010 et 2011 pour lesquels il est jugé: "les patients pour lesquels je réponds avaient tous un pronostic vital engagé de quelques heures à quelques jours. A ce jour, on n'a pas d'outils pour évaluer la souffrance psychique", a-t-il souligné.
"J'ai estimé que, quand on est au bout du bout de prise en charge que c'était à moi, médecin, de prendre en charge (la sédation) pour éviter de mettre en difficulté le personnel soignant" face à "l'extrême fin de vie".