Après les profs, c'est aux élèves de reprendre le chemin de l'école mardi: quelque 12 millions d'enfants, le cartable au dos ou le sac en bandoulière, vont retrouver camarades de classe, tableaux noirs et enseignants.
Quelques nouveautés cette année mais pas de révolution. Seuls les plus petits ont droit à de nouveaux programmes, axés sur le vocabulaire, le jeu et la socialisation. La maternelle, spécificité française, est définie comme "une école bienveillante".
Leurs ainés vont découvrir les nouveaux programmes d'enseignement moral et civique (EMC), du CP à la terminale, qui doivent être plus concrets que l'éducation civique et faire la part belle aux débats et à l'argumentation.
Les élèves de l'école élémentaire auront droit à une heure par semaine et ceux du secondaire à une heure tous les 15 jours, un horaire dédié, assuré majoritairement par les professeurs d'histoire et géographie mais pas uniquement. Après les attentats de janvier, la ministre de l'Education a souhaité la mise en oeuvre le plus rapidement possible de cet EMC.
Pour "engager le dialogue avec les parents", ces derniers vont être "incités à signer la charte de la laïcité", une première. Cet acte permettra de "repérer s'il y a difficulté" et dans ce cas-là, le personnel enseignant pourra faire appel aux référents laïcité présents dans chaque académie, a déclaré lundi la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem lors d'un déplacement à Dijon.
"Notre faiblesse de ces dernières années a été de chercher à imposer (la laïcité) plutôt que de l'expliquer", a estimé la ministre, qui se rendra mardi, avec le président François Hollande, à l'école de Pouilly-sur-Serre (Aisne), un village d'un demi-millier d'habitants.
Les établissements français accueilleront cette rentrée plus d'élèves que l'année précédente: 2,2 millions de lycéens, soit 40.000 de plus, et 6,8 millions d'écoliers (+27.300). Seul le collège voit ses effectifs reculer, d'environ 27.000, à 3,3 millions.
"Pas de premiers rangs vides"
D'aucuns craignent déjà des effectifs trop importants dans certaines classes, notamment au lycée, comme l'a rappelé la semaine dernière la Peep, une des fédérations des parents d'élèves.
A Saint-Denis, en banlieue parisienne, un trio formé d'un parent, d'un élu de la mairie et d'un enseignant sera présent le premier jour d'école devant les 35 groupes scolaires de la ville pour s'assurer que l’Éducation nationale a remédié aux carences constatées lors de la rentrée précédente (20 classes sans enseignants et 74 contractuels sans formation pour cette seule ville).
Du côté des rythmes scolaires, la situation s'est apaisée dans nombre de villes --à Marseille, l'une des plus à la traîne, la mairie assure que "tout est prêt". Mais 18% des communes n'ont toujours pas signé de projet éducatif territorial, condition sine qua non pour avoir droit aux fonds de l'Etat pour financer les activités périscolaires, a indiqué lundi la ministre.
Si les 855.000 professeurs ont dès lundi retrouvé leurs collègues et reçu leur emploi du temps et les listes des classes, la véritable épreuve du feu aura bel et bien lieu mardi, pour eux aussi.
A destination des moins expérimentés --et des plus angoissés--, le site spécialisé Café pédagogique publie une série de recommandations: "Présentez-vous (je vous conseille de dire que vous êtes professeurs et non professeurs-stagiaires)", "vérifiez que la classe est occupée de façon équilibrée et interdisez que les premiers rangs soient vides", "ne vous montrez pas agressifs, du genre +tout travail non fait sera sanctionné par un zéro et une exclusion+ car cela crée une situation de rapport de force permanent".
Et sur Twitter, le compte à rebours a commencé, avec pour mot-clé #rentrée2015...