Dominique Cottrez, jugée aux assises du Nord à Douai pour octuple infanticide, a avoué lundi à l'audience n'avoir jamais été violée par son père mort en 2007, comme elle l'avait invoqué durant l'instruction pour expliquer ces infanticides.
A l'issue d'un interrogatoire musclé de son propre avocat, Frank Berton, qui lui demandait de jurer sur la tête de ses deux filles présentes dans la salle qu'elle avait bien été violée par son père durant sa jeunesse comme elle l'a répété au procès, Mme Cottrez, 51 ans, s'est exclamée plusieurs fois "non", avant de fondre en larmes.
La thèse d'agressions sexuelles ou viols subis dans la ferme familiale à 8 et 12 ans était l'une des pièces maîtresses de la défense en vue d'expliquer les mécanismes poussant une mère à étrangler et stocker dans le secret huit de ses nouveaux-nés.
Alors que l'audience examinait cette thèse, déjà bien mise en doute par l'avocat général et les avocats d'associations de défense des enfants parties civiles, Me Frank Berton a entrepris de questionner sa cliente de manière plus directe.
"Vous allez vous réveiller. Vos filles sont là. (...) Pouvez-vous jurer sur leur tête que votre père vous a violée?", a asséné Me Berton. "Non, non!", s'est exclamée Mme Cottrez, provoquant une clameur de surprise dans la salle d'audience.
Une audience suspendue
La présidente de la cour Anne Segond a immédiatement suspendu la séance pour une quinzaine de minutes, avant le témoignage de plusieurs experts psychologues et psychiatres.
L'aveu de Dominique Cottrez, ex-aide soignante de 51 ans, laissait lundi certaines questions encore irrésolues, notamment parce que sa réponse a concerné les viols de son père et non pas directement la relation incestueuse nouée avec lui alors qu'elle était adulte, jusqu'à sa mort en 2007.
Le 24 juillet 2010, deux cadavres de nourrissons avaient été découverts enterrés dans le jardin de l'ancienne maison des parents de Mme Cottrez à Villers-au-Tertre (Nord). Six autres corps avaient été ensuite trouvés au domicile de Dominique Cottrez.