Les autorités tentent de trouver des solutions face à un problème qui ne cesse de s’amplifier. Un casse-tête aux dimensions européennes.
Certains ont été tirés de leur sommeil, quand d’autres attendaient avec pour seul bagage un sac plastique rempli de vêtements. Les deux évacuations menées hier dans des campements de migrants à Paris (350 personnes) et à Calais (140 personnes), destinées à mettre fin à des conditions de vie déplorables, ont suscité de l’émotion.
Mais elles ont surtout mis en lumière les problèmes posés par un phénomène en pleine expansion. Destination finale ou terre de transit avant un départ pour le Royaume-Uni, la France cherche des solutions pour mieux gérer l’immigration.
Quelle politique aux frontières ?
Cet afflux, nourri par les conflits actuels en Afrique et au Moyen-Orient, divise la classe politique autour d’une question : comment gérer les arrivées ?
Bruxelles a demandé la semaine dernière aux membres de l’UE de prendre en charge 40 000 nouveaux candidats à l’asile, avec une répartition fondée sur la population, le PIB et le taux de chômage de chaque Etat. Mais le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, veut que les "efforts déjà effectués" soient pris en compte, rappelant que la France fait partie des cinq pays (avec l’Allemagne, la Suède, l’Italie et la Hongrie) qui accueillent aujourd’hui 75 % des candidats à l’exil.
Le principe de quotas est rejeté par François Hollande, tout comme Manuel Valls qui le considère comme une "faute morale et éthique".
D’autres veulent un contrôle renforcé aux frontières de l’Hexagone. Jean-Christophe Lagarde (UDI) appelle donc à une réécriture des accords de Schengen, pour "que cesse la liberté d’installation des migrants". Une idée partagée par Nicolas Sarkozy (Les Républicains), partisan d’un Schengen II, qui constate : "On ne peut pas accueillir des gens qu’on ne peut plus intégrer." Quant au Front national, il réclame la restauration des frontières nationales.
Un autre angle d’attaque consisterait à agir plus en amont, pour permettre aux migrants de rester chez eux. Une idée défendue par Marisol Touraine et par l’UDI, qui milite pour une aide au développement en Afrique.
Reste le cas des migrants déjà présents en France. Pour certains à droite, l’enjeu est de pouvoir distinguer les personnes concernées par l’asile et les migrants économiques en quête d’un meilleur travail, qu’il faudrait reconduire dans leur pays d’origine. Le FN prône la suppression des aides sociales aux demandeurs d’asile et aux clandestins.
Le droit d’asile est d’ailleurs au cœur d’une réforme actuellement étudiée au Parlement. Elle vise notamment à raccourcir de deux ans à neuf mois l’examen des demandes.
Calais est submergé
Conditions sanitaires inhumaines dans les campements, violences à répétition entre exilés… Les problèmes générés sont exacerbés par les arrivées de plus en plus massives. Le nombre de clandestins interceptés à Calais a ainsi "explosé", selon la police aux frontières.
Au total, en 2014, 283 000 migrants illégaux ont rejoint l’UE, et donc pour une partie l’Hexagone, contre 100 000 en 2013.
Et Marine Le Pen de prévenir : des "centaines de milliers" de personnes pourraient continuer à arriver en France prochainement.