Le bébé de 21 mois mort le 7 février au CHU de Toulouse après une opération des amygdales et des végétations devait être exhumé lundi pour une autopsie, dans le cadre de l'enquête judiciaire sur les causes de sa mort, ont annoncé ses parents. Le même jour, en fin d'après-midi, trois responsables médicaux du CHU ont, pour la première fois, évoqué en détails le décès de l'enfant.
Pour les trois médecins qui ont accepté de s'exprimer, le décès du petit Aymen résulte d'"une somme de complications" graves et simultanées, survenues alors qu'il était réopéré, ont-ils affirmé à l'AFP.
Deux semaines après l'enterrement de leur premier enfant, les parents de la victime ont donné une conférence de presse dans la matinée.
Le corps du bébé exhumé
"Aujourd'hui (lundi) est prévue une autopsie - donc une exhumation - qui j'espère révélera la vérité", a dit le père, Mansour, 35 ans.
"Je suis très en colère parce que je ne sais pas de quoi est mort mon fils, d'où est venue l'hémorragie", a insisté la mère, Fatima, 27 ans, et tous deux ont assuré que les médecins leur avaient dit "que c'était la faute à pas de chance".
"C'est très dur pour nous de porter plainte (pour "homicide involontaire") contre un hôpital et contre des médecins qui sauvent des vies tous les jours mais les circonstances ont fait qu'on y a été obligés.
Il aurait fallu un peu de vérité, a insisté le père. Si les médecins et la chirurgienne avaient fait un effort, on aurait pu savoir la cause de la mort sans cette exhumation".
L'ablation des amygdales et des végétations, et la pose de diabolo, avaient été pratiquées à l'hôpital Pierre-Paul Riquet le 3 février.
Selon sa mère, l'enfant a ensuite "énormément saigné" par le nez et la bouche, pendant plus d'1H30, puis le bébé a été reconduit précipitamment au bloc.
Les jeunes parents évoquent "un retard dans la prise en charge post-opératoire". Ils accusent aussi les équipes de leur avoir "menti" en leur donnant "de faux espoirs", pendant quatre jours, alors qu'eux-mêmes "sentaient" que leur bébé était "mort cliniquement".
Une intervention "conforme" selon le CHU
Lundi, au terme de l'enquête administrative interne, le CHU s'est défendu en évoquant une intervention chirurgicale "justifiée", "conforme aux bonnes pratiques" et une information "régulière et détaillée" des parents.
Selon la direction, "le décès de l'enfant a résulté d'une succession d'aléas", que trois responsables médicaux ont détaillée.
"Au bout d'une heure de surveillance constante, l'infirmière pédiatrique est allée voir le chirurgien. Il a regardé l'enfant et n'a pas trouvé de saignements importants mais a préféré le garder une heure de plus en salle de réveil", a dit à l'AFP le Pr Bernard Sraysse, chef du service ORL. "Puis, quand l'infirmière a soudain constaté que la respiration était difficile, que la tension artérielle et le rythme cardiaque se modifiaient, il a été décidé de refaire une intervention", deux heures après la première, a-t-il ajouté.
Une "somme de complications"
Au bloc, le chirurgien a pu "vérifier qu'il n'y avait pas d'artère coupée" mais "l'équipe a été confrontée à une somme de complications - d'ordre respiratoire et hémodynamique - et malgré les traitements, il est survenu un arrêt de la circulation sanguine pendant une quinzaine de minutes, suivi d'une réanimation", a déclaré le Pr Olivier Fourcade, responsable de l'anesthésie-réanimation au CHU.
Le cerveau du bébé ayant beaucoup souffert du manque d'oxygénation, il a été décidé de le maintenir sous anesthésie générale.
"Les parents avaient la crainte qu'on leur ait caché que leur enfant était décédé plus tôt" mais "la preuve scientifique de l'arrêt de fonctionnement du cerveau a été obtenue le jour où le décès a été annoncé aux parents", le 7 février, a assuré le Pr. Fourcade.
"Nos équipes sont bouleversées par le drame que traverse cette famille", ont assuré chacun des chefs de service interviewés.
La justice devra trancher, au terme d'une information judiciaire ouverte jeudi en "recherche des causes de la mort".