C'est un braquage inédit. Un poids lourd a été braqué mardi par des malfaiteurs armés qui ont pris la fuite avec environ 20 millions d'euros de vignettes postales en Seine-et-Marne.
Le transporteur, un sous-traitant de La Poste, a été attaqué vers 07h55 dans la zone industrielle de Brie-Comte-Robert, alors qu'il devait livrer une cargaison de timbres et d'enveloppes pré-affranchies, a indiqué à l'AFP une source proche de l'affaire.
Le camion, un 38 tonnes, circulait sur une bretelle de sortie de la Francilienne, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Paris, lorsque plusieurs voleurs ont contraint le chauffeur à s'arrêter en le bloquant avec leurs véhicules.
"Ils ont brisé les vitres de sa cabine avec un marteau pour l'extirper de là, puis ont vidé le contenu de sa remorque en le stockant dans leur propre camion", a raconté une source policière.
12 palettes volées sur 19
Les malfaiteurs n'ont dérobé qu'une partie de la cargaison, qui devait être livrée dans la matinée dans un centre de tri de La Poste situé à proximité. Selon des sources judiciaires, le préjudice est néanmoins élevé, de l'ordre de 20 millions d'euros.
"Il y avait plus de 40 millions d'euros de chargement répartis dans 19 palettes, douze ont été volées", a précisé une source proche du dossier.
Le chauffeur routier, abandonné sur un parking avec son camion, n'a "pas été blessé", ni même "violenté". C'est d'ailleurs lui qui a donné l'alerte au centre de tri qu'il devait livrer, une fois les malfaiteurs partis.
Un temps saisi, le parquet de Meaux a cédé l'enquête à la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris en raison du profil des suspects. "Il est possible que des affaires similaires leur soient imputées", confie une source proche de l'enquête, décrivant une "équipe de truands" chevronnés.
Que faire de la marchandise ?
Les braqueurs, activement recherchés, ont-ils bénéficié de complicités internes? Se sont-ils trompés de camion? Que vont-ils faire de la marchandise? Autant de questions auxquelles la police judiciaire de Versailles, chargée de l'enquête, doit désormais répondre.
"Ca va être difficile de revendre des timbres", souligne une source policière, qui insiste sur le caractère "inédit" de ce braquage.
Selon la gérante d'un magasin de philatélie à Paris, qui souhaite conserver l'anonymat, ces timbres auront sans doute "peu de valeur" à la revente. Mais ils pourraient trouver preneurs, "au tiers ou au quart de leur valeur faciale", "auprès de sociétés qui font des centaines d'envois par jour ou de bureaux de tabac".
Depuis l'abandon du monopole par La Poste, "chacun peut acheter timbres, carnets, enveloppes en dehors du circuit postal", rappelle dans un communiqué la CGT de La Poste. "Le montant du vol pourrait donc être écoulé aisément", ajoute le syndicat, qui s'alarme par ailleurs du manque de sécurité pour les chauffeurs.
Le vol de fret devient fréquent
Camions chargés de cartouches de cigarettes, de matériel hi-fi, de produits de luxe et de parfums: ce braquage s'ajoute à une longue liste de vols de fret survenus ces derniers mois, mais dont les préjudices dépassent rarement le million d'euros.
En juillet 2014, quatre hommes armés s'étaient emparés du chargement d'un camion qui transportait pour plus d'un million d'euros de smartphone à la sortie d'un centre commercial de Villepinte (Seine-Saint-Denis). En février 2014, c'est un camion de La Poste transportant un million d'euros de chèques vacances et cadeaux qui avait été attaqué à Montrouge (Hauts-de-Seine).
Selon le rapport annuel 2014 de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), les attaques concernant le groupe La Poste étaient en baisse en 2013 avec 108 vols à main armée recensés dans les établissements postaux, soit une baisse de 10% par rapport à 2012. 29% des établissements braqués en 2013 étaient situés en Ile-de-France.