L’exécutif a appelé hier, jeudi, à une mobilisation générale pour que l’école retrouve sa capacité à intégrer et former les citoyens de demain.
Aux grands maux, les grands remèdes. Deux semaines après les attentats terroristes qui ont fait 17 morts à Paris, le Premier ministre, Manuel Valls, et la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, ont dévoilé hier un plan de refonte de l’école.
Une série de mesures destinées à faire des salles de classe les lieux privilégiés de la transmission des valeurs républicaines et de l’intégration. "L’école a une fonction morale", a martelé Najat Vallaud-Belkacem, qui compte en faire un rempart contre les intégrismes en consacrant à la mise en place de cet arsenal plus de 250 millions d’euros sur trois ans.
Cap sur les valeurs républicaines
Cette "grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République" repose d’abord sur la formation continue des professeurs et du personnel éducatif "à la laïcité et à l’enseignement moral et civique".
Quelque 1 000 premiers "ambassadeurs" des valeurs républicaines seront ainsi formés d’ici à juillet. Une "mesure inédite, dont l’aspect mobilisateur peut avoir un effet décisif", selon l’historien de l’éducation Claude Lelièvre.
En outre, le concours de recrutement des enseignants évaluera systématiquement la capacité de ces derniers "à faire partager les valeurs de la République". Des citoyens bénévoles seront amenés à intervenir dans les classes et une journée dédiée à la laïcité sera instaurée le 9 décembre pour parfaire la sensibilisation des élèves.
Le ministère de l’Education nationale a aussi mis l’accent sur les programmes, qui devront intégrer, dès la rentrée prochaine, un "parcours citoyen de l’école élémentaire à la terminale". Education civique et cours sur les médias sont au menu.
Quant aux "rites républicains", comme l’hymne national ou le drapeau tricolore, ils devront être "expliqués et valorisés".
Enfin, Najat Vallaud-Belkacem a rappelé la priorité donnée à l’autorité des enseignants, avertissant qu’elle ne tolérerait "aucune faiblesse" face aux incivilités. Celles-ci feront l’objet d’un "signalement systématique au chef d’établissement" afin d’engager un dialogue avec l’élève et ses parents.
Le casse-tête de la laïcité
En sonnant le branle-bas de combat, le gouvernement veut, ainsi que l’a expliqué Manuel Valls hier, "redonner à l’école toute son âme". Et pour cause, celle-ci a été pointée du doigt ces dernières semaines, notamment après que plusieurs élèves ont refusé d’observer la minute de silence en hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo.
Et le fait que les trois terroristes impliqués dans ces attaques, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, aient été scolarisés en France, a relancé le débat sur le rôle de l’école. A charge, pour le gouvernement, de démontrer qu’elle est toujours capable d’intégrer et de poser les bases de la citoyenneté, ce qui passe notamment par le respect de la laïcité.
Mais le dossier reste sensible, alors que la gauche est toujours divisée entre une conception «ouverte» de ce concept, qui laisserait toutes les religions s’exprimer au risque de dérives, et une autre plus stricte, qui pourrait apparaître répressive et stigmatisante.