Des enquêtes administrative et judiciaire ont été ouvertes après la découverte d'une page Facebook "MDR o Baumettes" (mort de rire aux Baumettes) montrant des détenus exhibant liasses de billets et produits stupéfiants, a-t-on appris lundi auprès de la direction interrégionale de l'Administration pénitentiare.
"On a tout de suite pris des dispositions après la découverte de cette page Facebook en ouvrant une enquête administrative et en saisissant le procureur de Marseille", a indiqué à l'AFP Philippe Perron, le directeur interrégional de l'Administration pénitentiaire (AP) de Marseille, précisant que cette page avait été depuis fermée par son auteur.
Selon M. Perron, elle a été publiée depuis "l'extérieur" de la prison, avec des clichés "remontés de l'établissement", mais l'auteur n'a pas encore "été identifié" et il a retiré la page dès que "ça a commencé à se savoir".
Plus belle la vie en taule??..Prison des Baumettes/Marseille:la page Facebook qui fait tache!! http://t.co/lFu8W95gas pic.twitter.com/xp8XVR7VV1
— SYNOPE (@SYNOPE31) 5 Janvier 2015
Alors que cette publication, révélée lundi par La Provence, a suscité la colère de plusieurs syndicats de surveillants de prison qui ont notamment dénoncé "une dérive inquiétante" et une "gestion de club de vacances", M. Perron a affirmé que "des fouilles sectorielles" notamment auprès d'individus reconnaissables ont permis "de retrouver certains des objets présentés".
Dans un communiqué, le Syndicat pénitentiaire des surveillants non gradée (SPS) déplorait lundi la circulation de ces photos sur les réseaux sociaux notamment "plusieurs selfies de détenus en train d'exhiber leurs muscles, se montrant avec des liasses de billets, ou avec des stupéfiants ainsi que des téléphones portables", des objets et substances prohibés en détention.
Ce syndicat réclame une réaction de l'administration et demande "une fouille générale du centre pénitentiaire de Marseille; l'apport d'effectifs de surveillants; l'abrogation de l'article 57 de la loi pénitentiaire de 2009 (qui interdit la fouille systématique après les parloirs, ndlr) et le désencombrement des cellules en détention".
De son côté, Thierry Serra de l'UFAP-UNSA justice, dénonce "le manque de moyens" avec un déficit d'une soixantaine d'agents sur cet établissement. "La prison n'impressionne plus, les détenus ont plus peur des règlements de comptes", a-t-il indiqué.
Fouilles
Selon Jérémy Joly, représentant du SPS aux Baumettes, "de plus en plus de téléphones portables, d'armes blanches et de stupéfiants sont trouvés" lors des fouilles.
Durant l'été, les syndicats avaient attiré l'attention de la direction sur les problèmes de sécurité liés au chantier "Baumettes 2" d'agrandissement du centre pénitentiaire, alors que des "colis" étaient envoyés depuis l'extérieur dans la cour de promenade.
"700 à 800 téléphones portables" ont été saisis l'an passé, a pour sa part affirmé M. Perron, preuve selon lui à la fois de "l'efficacité des fouilles" et du niveau d'activité des trafics. "Il existe aujourd'hui des téléphones en matière indétectable par les portiques de sécurité" et "le brouillage des communications" se heurte à l'évolution des technologies comme "le passage à la 4G", remarque encore le directeur interrégional.
Le centre pénitentiaire des Baumettes accueille actuellement 1.800 détenus pour 1.200 places.