François Hollande préside mardi les cérémonies du 11 novembre, qui bouclent une année de commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, dont il souhaitait faire un temps fort de son quinquennat.
Un répit en pleine bourrasque politique provoquée par l'affaire "Jouyet-Fillon", que le chef de l'Etat devrait mettre à profit pour appeler une nouvelle fois Français et Européens au rassemblement et à la confiance.
Les cérémonies du 11 novembre, point d'orgue des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, ont débuté mardi vers 10H40 sur les Champs-Elysées, avec l'arrivée du président François Hollande au pied de la statue de Georges Clemenceau.
Le chef de l'Etat s'est recueilli quelques minutes sous un ciel radieux, en présence de quelques dizaines de personnes. Il a ensuite serré quelques mains parmi les spectateurs de la cérémonie avant de raviver la flamme sur le tombe du soldat inconnu, à l'Arc de Triomphe.
Dès 9H15, François Hollande avait auparavant lancé à l'Elysée le site internet "Grand Mémorial", qui doit donner à terme accès aux "registres matricules" des 8,5 millions de Français mobilisés durant la Grande Guerre.
Dans une interview à La Voix du Nord, le chef de l'Etat estime mardi que les peuples sont prêts à cette fusion dans le souvenir. Ils ont "cette maturité, même par rapport à la guerre de 1939-1945", souligne-t-il.
Depuis 2011, le 11 novembre est la journée d'hommage à tous les morts pour la France, et le chef de l'Etat saluera la mémoire des sept soldats français tués en opérations au cours des 12 derniers mois. Trois d'entre eux sont morts en Centrafrique, dont deux le 9 décembre aux premières heures de l'opération Sangaris. Quatre autres ont été tués au Sahel, dont le dernier le 29 octobre dans le nord du Mali. A l'issue de la cérémonie, le chef de l'Etat s'entretiendra brièvement avec les familles des soldats et les personnalités présentes.
Emotion également l'après-midi, sur les lieux-mêmes des offensives parmi les plus meurtrières de la Grande Guerre, sur le front du Nord-Pas-de-Calais. A 15H30, François Hollande inaugurera un mémorial novateur constitué de 500 plaques d'acier portant les noms de 579.606 soldats tombés dans la région, sans distinction de nationalité ou de religion.
Combattants d'une quarantaine de pays
Un "anneau", symbole d'unité, censé réunir des soldats de toutes origines dans une "fraternité posthume". Les Britanniques sont les plus nombreux, avec 241.214 noms de combattants inhumés pour la plupart dans quelque 800 cimetières militaires de la région. Devant les Allemands (173.876) et les Français (106.012). Au total, le monument égraine dans l'ordre alphabétique les noms de combattants d'une quarantaine de pays, dont ceux issus des anciennes puissances coloniales.
L'inauguration du monument entend, selon François Hollande, être "à la fois un geste profondément humain et un message d'espoir éminemment actuel à tous ceux qui luttent aujourd'hui pour que la paix et le droit triomphent partout dans le monde". Un message qui devrait être au coeur du discours que le chef de l'Etat prononcera à partir de 16H00, lors d'une cérémonie internationale dans la nécropole voisine de Notre-Dame-de-Lorette, qui rassemble les restes de 43.000 combattants.
Après une cérémonie prestigieuse en présence des représentants de 80 pays le 14 juillet, des commémorations plus discrètes ont marqué début septembre l'anniversaire de la bataille de la Marne, en l'absence du chef de l'Etat en visite en Irak. Les pays invités ce 11 novembre seront cette fois représentés au niveau ministériel, sans éclat particulier.
L'Elysée souligne le caractère "populaire" de ces commémorations, avec le souci toujours présent de transmettre la mémoire du conflit aux jeunes générations. D'autres cérémonies marqueront le centenaire de la Grande Guerre dans les trois ans qui viennent, mais aucune date n'est arrêtée, pour éviter l'effet de lassitude au moment où le président est plus que jamais attendu sur le front du chômage.
En prélude au 11 novembre, un espace consacré aux fusillés de 1914-18 a été ouvert jeudi au musée de l'Armée à Paris. En novembre 2013, François Hollande avait demandé qu'une place leur soit réservée, un geste solennel plutôt qu'une franche réhabilitation des 639 soldats condamnés pour "désobéissance" durant le conflit.