"Bateau ivre", "rafiot qui prend l'eau de toute part", "pétaudière"... La presse de lundi est atterrée par la "crise gouvernementale" ouverte ce week-end après les critiques d'Arnaud Montebourg et Benoît Hamon contre la ligne Hollande/Valls.
"La chose est inhabituelle : le ministre de l’Economie trouve que la politique économique du gouvernement - la sienne, donc - est mauvaise", écrit dans un euphémisme Laurent Joffrin de Libération.
Les titres sont plus directs, de la "crise ouverte au gouvernement" (Le Parisien) au "défi à Valls" (Libération) lancé par les deux ministres contempteurs de la politique d'austérité.
Ce "véritable tir de bazooka", constate Gaëtan de Capèle dans Le Figaro, "ouvre une brèche béante au sein même du gouvernement, qui relègue les couacs d’antan au rang d’aimables gazouillis".
Pour Raymond Couraud de L'Alsace, le gouvernement est devenu "une pétaudière" et François Hollande "une sorte de Louis XVI qui croit encore gouverner un pays qui part à vau-l’eau". "Les fidèles sont devenus des mutins qui trouent la coque d’un rafiot qui prend déjà l’eau de toute part", ajoute l'éditorialiste alsacien.
Les avis divergent sur les suites que le couple exécutif peut donner aux déclarations des deux trublions.
"Dans le bateau ivre qu'est devenu l'exécutif, tout est possible", prévient Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne.
L'Humanité, sous la plume de Maud Vergnol, assure que "les effets de manche d'Arnaud Montebourg, s'ils peuvent faire tanguer un temps le navire gouvernemental, ne suffiront pas à imposer un changement de cap".
Les conséquences risquent en revanche d'être plus dévastatrices au sein de la famille socialiste.
"Dans ce concours de tir à la corde pour trouver l'équilibre de la gauche, le Parti socialiste et le gouvernement sont désormais menacés de déchirement", estime Matthieu Verrier dans La Voix du Nord.
Yves Harté de Sud-Ouest dresse la liste des options qui s'offrent au chef de l'Etat. "Remanier son gouvernement sous les lazzis. Dissoudre l’Assemblée et attendre d’une probable cohabitation qu’elle s’expose à mener une politique qui la fera détester. Ou ne rien faire et attendre, ce qui est l’occupation stratégique à laquelle il excelle."
Reste la réaction de Manuel Valls, dont l'entourage a fait savoir dimanche qu'"une ligne jaune (avait) été franchie".
"Le locataire de Matignon n'est pas du genre à avaler des boas comme son prédécesseur, Jean-Marc Ayrault", note Patrice Chabanet.
Pierre Fréhel (Le Républicain lorrain) "voit mal comment le Premier ministre pourrait rester muet face à un pied de nez qui met en cause sa propre crédibilité".
"Si Hollande a l’habitude d’encaisser les traîtrises, il est clair que Manuel Valls n'acceptera pas longtemps d’être pris pour une tête de turc. À défaut de débat, il pourrait vite ouvrir... la boîte à gifles", avertit Jean-Michel Servant dans Le Midi libre.