La justice a ordonné le renvoi aux assises de neuf personnes, dont Redoine Faïd, impliquées dans un projet avorté de braquage en 2010 qui s'était soldé par la mort de la policière municipale Aurélie Fouquet au terme d'une course poursuite sanglante sur l'autoroute A4.
Considéré comme le possible chef de cette bande armée, le braqueur Redoine Faïd ne sera pas jugé pour meurtre mais pour "tentative de vol en bande organisée avec usage ou menace d'armes en état de récidive", comme l'a décidé jeudi matin la cour d'appel de Paris, selon une source judiciaire.
Les investigations n'ont pas établi son implication directe dans la fusillade qui avait coûté la vie à la fonctionnaire de 26 ans à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne).
Les faits remontent au matin du 20 mai 2010. A Créteil, des policiers repèrent deux trous -des impacts de balle selon eux- dans la carosserie d'un utilitaire arrêté à un feu, relate une source proche du dossier. Dans le véhicule, plusieurs hommes armés en route pour aller braquer un fourgon de transport de fonds.
Le commando démarre en trombe, marquant le début d'une fuite effrénée sur l'A4, au cours de laquelle les malfaiteurs cagoulés, gantés et en treillis, incendieront leur véhicule, et en braqueront plusieurs autres pour parvenir finalement à disparaître.
"Une opération de guerre qui ne pouvait aller qu'au bout de sa logique guerrière", a estimé en février le parquet de Paris dans ses réquisitions.
Pour échapper à la police, le commando n'hésite pas à ouvrir plusieurs fois le feu, faisant plusieurs blessés. A Villiers-sur-Marne, c'est une vingtaine de tirs qui atteint la voiture dans laquelle se trouve Aurélie Fouquet.
Après près de quatre ans d'investigations, deux juges parisiens ont prononcé début avril la mise en accusation de neuf personnes.
Ils ont identifié les quatre hommes qui composaient le commando armé. Mais les investigations n'ont pas permis de déterminer celui ou ceux d'entre eux qui ont tiré.
- Faïd, "le chef, l'organisateur" ? -
Considérant que les quatre étaient "solidaires" dans leurs actes, ils en ont renvoyé trois pour "meurtre en bande organisée sur personne dépositaire de l'autorité publique", selon une source proche du dossier. Le cas du quatrième, actuellement détenu en Algérie, a été disjoint de la procédure.
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Ils ignorent par ailleurs où se trouve l'un des trois hommes renvoyés pour "meurtre" qui, blessé dans la fuite, pourrait ne pas avoir survécu.
S'ils estiment qu'il pourrait être "le chef, l'organisateur et l'animateur" de l'équipe formée pour attaquer le fourgon blindé, les juges n'ont pas renvoyé Redoine Faïd, 42 ans, pour "meurtre". Ils ont en effet estimé que rien ne permettait d'affirmer que cet homme déjà condamné pour braquage se trouvait dans le commando de braqueurs.
Le parquet de Paris avait fait appel de leur ordonnance, estimant que Redoine Faïd, décrit comme "le lien entre les différents membres de l'équipe", et deux autres devaient aussi répondre de l'accusation de meurtre.
Pointant chez tous "une même volonté", "une même détermination", le ministère public avait développé la thèse selon laquelle les actes commis par chacun devaient être considérés comme ayant été commis par tous.
Cette analyse n'a pas été retenue par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris qui a confirmé jeudi matin l'ordonnance des juges d'instruction.
C'est donc pour la tentative de braquage et pour 11 délits connexes qu'est renvoyé Redoine Faïd, qui avait été condamné pour des faits similaires par la cour d'assises de la Somme à 12 ans de réclusion criminelle.
En 2013, il avait pendant un mois et demi été l'homme le plus recherché de France après une spectaculaire évasion de la maison d'arrêt de Sequedin (Nord). Sa cavale avait pris fin en Seine-et-Marne.
Un hommage national avait été rendu par l'ancien président Nicolas Sarkozy à Aurélie Fouquet, dont la mort avait suscité l'indignation de nombreux policiers municipaux dénonçant leur manque de moyens.