Le parquet de Paris a requis le renvoi au tribunal correctionnel de six personnes dans le volet financier de l'affaire Karachi, dont Ziad Takieddine et Nicolas Bazire, a-t-on appris mardi de source judiciaire, confirmant une information de Libération.
Outre l'homme d'affaires franco-libanais et l'ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur, aujourd'hui à LVMH, le parquet requiert également le renvoi de Thierry Gaubert et Renaud Donnedieu de Vabres dans cette affaire tentaculaire où les juges soupçonnent que des contrats d'armement ont pu financer la campagne présidentielle de l'ancien Premier ministre en 1995.
Il appartient désormais aux juges d'instruction du pôle financier Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire d'ordonner le renvoi en procès ou non des protagonistes. Un procès n'impliquera pas deux personnages centraux de l'affaire, l'ex-Premier ministre et son ancien ministre de la Défense, François Léotard, qui relèvent de la Cour de Justice de la République.
Les juges d'instruction soupçonnent que des rétrocommissions sur les marchés d'armement conclus en 1994 avec le Pakistan et l'Arabie Saoudite ont servi à financer la campagne de M. Balladur. Au cœur de leur enquête figure l'équivalent de 327 millions d'euros de commissions versées en marge des contrats à des intermédiaires composant le "réseau K", notamment Ziad Takieddine et Abdul Rahman Al-Assir, dont le parquet demande aussi le renvoi en procès.
Dans une ordonnance rendue en février où ils exposaient le résultat de leurs investigations, les juges estiment que ce réseau, imposé tardivement, était inutile aux tractations avec Ryad et Islamabad.
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Selon la source judiciaire, le parquet de Paris requiert le renvoi en correctionnelle de Ziad Takieddine, Abdul Rahman Al-Assir, Nicolas Bazire et Renaud Donnedieu de Vabres, qui était conseiller de François Léotard, pour complicité et recel d'abus de biens sociaux. Le parquet demande aussi que Thierry Gaubert, qui appartenait à l'équipe de campagne de M. Balladur, soit renvoyé pour recel d'abus de biens sociaux.
Enfin, les réquisitions visent aussi Dominique Castellan, l'ancien PDG de la branche internationale de la Direction des constructions navales (DCNI), qui doit être renvoyé pour abus de biens sociaux aux yeux du parquet de Paris.
L'enquête est consécutive à une plainte des parties civiles dans le cadre de l'enquête sur l'attentat de Karachi, qui avait fait 15 morts le 8 mai 2002 dont 11 salariés de la DCN. Dans le volet terroriste de l'affaire, l'arrêt du versement des commissions est l'une des pistes suivies par les enquêteurs.
"Cela démontre pour les familles des victimes que cette plainte, dont elles sont à l'origine, était parfaitement fondée", a réagi l'avocat de parties civiles, Me Olivier Morice, contacté par l'AFP. "Ces familles attendent désormais avec impatience un procès", a-t-il ajouté.