Jérôme Kerviel a déposé plainte mardi contre Société Générale pour subornation de témoin, en l'occurence l'ancien supérieur hiérarchique direct de l'ex-trader, affirmant qu'il aurait perçu une indemnité d'un million d'euros après avoir témoigné en faveur de la banque lors des deux procès.
Supérieur direct de l'ancien trader durant près d'un an jusqu'à la révélation des faits, Eric Cordelle avait intenté, en avril 2008, une action aux prud'hommes contre Société Générale pour contester les conditions de son propre licenciement par la banque, selon Me David Koubbi, conseil de Jérôme Kerviel.
Début février 2013, M. Cordelle s'est désisté de son action aux prud'hommes. Il avait témoigné lors des deux procès et assuré n'avoir rien su des colossales prises de position à risque de Jérôme Kerviel.
Selon le document de la plainte envoyée mardi au procureur de la République de Paris et consultée par l'AFP, Jérôme Kerviel juge cette chronologie "pour le moins troublante".
Selon Me Koubbi, qui s'appuie notamment sur une lettre anonyme, M. Cordelle aurait perçu un peu plus d'un million d'euros de Société Générale quelques jours après que la cour d'appel de Paris a confirmé le jugement de première instance et condamné Jérôme Kerviel, en octobre 2012.
En promettant à M. Cordelle une importante indemnité avant qu'il ne témoigne aux deux procès, Société Générale se serait rendue coupable de subornation de témoin, selon l'avocat.
"Après avoir versé sept années de salaire fixe à certains responsables hiérarchiques et collègues de Jérôme Kerviel, il est évident, au vu de la chronologie, que la Société Générale a également versé quelque chose à Eric Cordelle, supérieur hiérarchique direct de Jérôme Kerviel", a déclaré Me Koubbi à l'AFP.
"La justice doit vérifier le montant de cette somme et déterminer quelle en est la contrepartie", a-t-il ajouté.
"Si elle est victime, comme elle le prétend, il est pour le moins étonnant qu'elle +indemnise+ un supérieur n'ayant rien vu, rien entendu, rien lu et rien compris. De quoi s'agit-il, sinon du prix du silence?", s'est-interrogé le conseil.
"La Société Générale apprend que M. Jérôme Kerviel aurait déposé une nouvelle plainte à son encontre. Cette procédure, dont Jérôme Kerviel la menace depuis de nombreux mois, n'est qu'une gesticulation médiatique supplémentaire", a réagi la banque auprès de l'AFP.
Pour elle, "cette tactique, déjà utilisée à maintes reprises, vise a détourner l’attention du fond du dossier qui a pourtant été jugé trois fois, et de façon définitive sur le plan pénal, avec la confirmation de la culpabilité de Jérôme Kerviel".