Yunis Merizak a été reconnu coupable et condamné vendredi à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Haute-Saône pour avoir étouffé une jeune femme de 20 ans dans la boue d'une forêt de Villers-lès-Luxeuil (Haute-Saône) en 2009.
Ses avocats, Me Randall Schwerdorffer et Me Marjorie Weiermann, ont déclaré qu'ils avaient l'intention de faire appel.
"La décision du tribunal se base sur le simple fait qu'un seul ADN, celui de Merizak, a été retrouvé sur les ongles de la victime et que celui-ci, correspondait à un acte de défense, ce qui n'a jamais été affirmé par le médecin légiste", a précisé Me Schwerdorffer.
Pendant cinq jours d'audience, Yunis Merizak, 35 ans, a maintenu qu'il n'avait pas tué Christine Mathieu, 20 ans, retrouvée sans vie dans un bois de Villers-lès-Luxeuil le 13 février 2009. Elle avait disparu cinq jours plus tôt à la sortie de son travail de réceptionniste de nuit dans un hôtel de Luxeuil-les-Bains.
L'avocate générale Julie Bressand avait requis plus tôt dans la journée 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre de ce "personnage violent, pulsionnel et intolérant à la frustration" dont "la propension à mentir est avérée".
L'autopsie du corps de la victime a révélé que la jeune femme était morte étouffée après que son visage eut été maintenu dans une ornière de boue par une pression importante au niveau de l'arrière du crâne.
Un seul ADN masculin, ne correspondant pas à celui de son concubin, a été découvert sur son corps. C'est seulement deux ans après les faits que Yunis Merizak, alors mis en cause dans une affaire d'agression sexuelle, a été identifié comme étant le porteur de cet ADN.
Placé en garde à vue, le suspect a d'abord nié connaître Christine Mathieu, puis a finalement avoué devant le juge avoir eu une relation sexuelle consentie avec elle, le matin même de sa disparition.
Devant les jurés, M. Merizak a expliqué qu'il avait menti par "peur" d'être impliqué dans le meurtre de la jeune femme, maintenant fermement qu'il n'a "pas tué Mademoiselle Mathieu". Selon sa version, il l'aurait déposée sur un parking où son concubin devait venir la chercher.
- L'ADN, élément à charge -
L'accusé n'a pas été poursuivi pour viol mais pendant le procès partie civile et défense se sont affrontés sur ce point.
Pour Me Marjorie Weiermann, l'avocate de Yunis Meriziak, ce dernier "n'a pas violée Christine Mathieu, le médecin légiste n'a pas retrouvé de lésions génitales", a-t-elle dit.
De son côté, l'avocate de la famille Mathieu, Me Laure Desforges a estimé qu'il a pu y avoir viol, étant donnée qu'"une relation sexuelle non consentie peut ne pas occasionner de lésion", selon les déclarations du médecin légiste.
Pour l'avocate générale, si un "doute" demeure "sur le fait que les rapports sexuels ont été consentis ou non, il n'y en a pas sur le fait que c'est Yunis Merizak qui a donné la mort à Christine Mathieu".
Comme "élément à charge", elle cite notamment cet "ADN (de M. Merizak) retrouvé sous les ongles de la main gauche de Christine Mathieu" où elle voit "une tentative désespérée de résister à son agresseur".
"L'ADN est le seul élément objectif de ce dossier", or il est présent car Yunis Merizak et Christine Mathieu ont eu une relation sexuelle, estime Me Randall Schwerdorffer qui a plaidé l'acquittement.
"Ils ont eu un rapport sexuel complet et satisfaisant, pourquoi l'aurait-il tué?", s'est interrogé Me Schwerdorffer, soulevant l'absence de mobile de l'accusé et portant ses soupçons sur le concubin de la victime qui "a, lui, un mobile, la jalousie".
Mais pour Me Catherine Bertholde, avocate du concubin de Christine Mathieu, partie civile, "Yunis Merizak ne peut pas assumer le meurtre, donc il accuse un autre". "Tout a été vérifié au sujet de mon client, il n'est pas coupable. C'est bien Yunis Merizak qui a tué Christine Mathieu", a-t-elle affirmé.