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Procès Agnelet : la dernière ligne droite

Maurice Agnelet quitte la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, à l'issue du troisième jour de son procès, le 10 avril 2014 à Rennes [Jean-Sébastien Evrard / AFP] Maurice Agnelet quitte la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, à l'issue du troisième jour de son procès, le 10 avril 2014 à Rennes [Jean-Sébastien Evrard / AFP]

Au lendemain d'une journée pleine de tensions, le procès de Maurice Agnelet, jugé à Rennes depuis près de quatre semaines pour l'assassinat de sa maîtresse Agnès Le Roux en 1977, est entré jeudi dans sa dernière ligne droite avec les plaidoiries des parties civiles et le réquisitoire de l'avocat général.

L'avocat de la famille Le Roux a ouvert le bal. "Mesdames et Messieurs les jurés, vous allez rendre la justice de façon presque miraculeuse près de 37 ans après que Maurice Agnelet a assassiné Agnès Le Roux", a lancé Me Hervé Temime, avant d'ajouter: "des preuves certaines vont vous permettre de condamner sans le moindre doute Maurice Agnelet".

L'avocat a cité notamment les "mensonges" de l'accusé ou encore un "mobile avéré, l'argent".

Pour le pénaliste, habitué à plaider du côté de la défense, les accusations du fils de Maurice Agnelet, Guillaume, qui a désigné lundi devant la cour son père comme étant le meurtrier d'Agnès Le Roux, étaient crédibles. "Guillaume Agnelet, je n'ai aucun doute sur ce qu'il a dit, avec ce que ça lui a coûté", a-t-il assuré.

Maurice Agnelet arrive à la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, à l'issue du troisième jour de son procès, le 10 avril 2014 à Rennes [Jean-Sébastien Evrard / AFP]
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Maurice Agnelet arrive à la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, à l'issue du troisième jour de son procès, le 10 avril 2014 à Rennes
 

La plaidoirie de Me François Saint-Pierre, l'avocat de Maurice Agnelet, pourrait également intervenir jeudi. Ce dernier, acquitté une première fois en 2006, puis condamné à 20 ans de réclusion criminelle en appel un an plus tard, saura dans la soirée de vendredi quel sort lui ont réservé les jurés de la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine à Rennes.

Agnelet doit son troisième procès à une décision de la justice européenne qui avait estimé qu'il n'avait pas eu droit à un procès équitable.

Jeudi, après Me Temime, l'avocat général, Philippe Petitprez, devrait revenir point par point sur les charges pesant sur l'accusé et les contradictions qui ont émaillé ses déclarations tout au long des audiences.

Depuis leur début, le 17 mars, une charge revient sans cesse: après la disparition en 1977 de la riche héritière d'un casino niçois, le Palais de la Méditerranée, l'argent que les deux amants avaient sur un compte commun s'est retrouvé sur un compte ouvert au seul nom de Maurice Agnelet.

L'avocat de la famille Le Roux, Me Herve Temime, le 9 avril 2014 au tribunal de Rennes [Jean-Sebastien Evrard / AFP]
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L'avocat de la famille Le Roux, Me Herve Temime, le 9 avril 2014 au tribunal de Rennes
 

La somme -- quelque trois millions de francs -- provenait de la vente par Agnès Le Roux de ses parts dans le casino familial à Jean-Dominique Fratoni, le patron du casino voisin et féroce concurrent.

L'emploi du temps de l'ancien avocat, notamment entre les 27 et 29 octobre 1977, date de la disparition d'Agnès Le Roux, qui n'a jamais été revue depuis, laisse apparaître des zones d'ombre.

Lui assure qu'il est allé les 27 et 28 octobre à Genève avec une autre de ses maîtresses, Françoise Lausseure. Celle-ci a confirmé pendant de longues années cet alibi, mais s'est rétractée en 1999. Ce témoin capital, qui habite au Mexique, n'a pas fait le déplacement à Rennes.

Drame familial

D'autres éléments troublants ont marqué ces audiences, mais les jurés ont dû être particulièrement interpellés par le témoignage de Guillaume Agnelet, venu à la barre mercredi pour confirmer ses accusations contre son père. Cet homme de 45 ans se fonde sur différentes confidences de ses parents, que ceux-ci ont niées en bloc dans un climat de très grande tension.

Guillaume Agnelet, fils de Maurice Agnelet, sort de la cour d'assises de Rennes, le 9 avril 2014 [Jean-Sébastien Evrard / AFP]
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Guillaume Agnelet, fils de Maurice Agnelet, sort de la cour d'assises de Rennes, le 9 avril 2014
 

La mère de Guillaume Agnelet, Annie Litas, a formellement contesté les déclarations de son fils, évoquant même la perte, à un moment de la vie de ce dernier, de "son équilibre psychique".

La confrontation devant la cour entre la mère, entendue en visioconférence, et le fils, puis celle entre les deux frères Agnelet, aux positions diamétralement opposées, a viré au drame familial. Mais Guillaume Agnelet, isolé, a maintenu ses accusations. "Ce qui tue plus que la vérité, c'est le secret, et j'ai vécu plus de 30 ans dans le secret", a-t-il dit, en larmes.

 
 

Alors que la police italienne a ouvert une enquête sur la recherche de possibles restes humains près de Monte Cassino, Maurice Agnelet, à nouveau interrogé, a maintenu sa ligne de défense. "Non je n'ai pas tué Agnès", a-t-il répété, debout dans le box, la voix étouffée par des sanglots.

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