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Coup de tonnerre au procès Agnelet

Maurice Agnelet interrogé par des journalistes à son arrivée pour son troisième procès le 17 mars 2014, au tribunal de Rennes, à l'ouest de la France  [Jean-Sébastien Evrard / AFP/Archives] Maurice Agnelet interrogé par des journalistes à son arrivée pour son troisième procès le 17 mars 2014, au tribunal de Rennes, à l'ouest de la France [Jean-Sébastien Evrard / AFP/Archives]

Coup de tonnerre lundi au procès de Maurice Agnelet devant les assises d'Ille-et-Vilaine: un de ses fils, Guillaume, a affirmé dans une déposition à la justice que son père avait avoué avoir tué en Italie sa maîtresse, Agnès Le Roux, disparue en 1977.

La cour a aussitôt ordonné le mandat de dépôt à l'encontre de l'ancien avocat, âgé de 76 ans, en raison de "risques de fuite ou de pressions". Maurice Agnelet n'a pas pris ces révélations au sérieux, réaffirmant son innocence.

Peu avant 11H30, depuis Chambéry, Guillaume Agnelet, 45 ans, est apparu sur l'écran de visioconférence dans la salle d'assises, chemise bleue foncée, cheveux courts, voix grave et gorge nouée.

"Ma mère m'a dit: +Je vais te dire qui est ton père.+ Ils (Maurice Agnelet et Agnès Le Roux, ndlr) sont allés faire du camping dans un coin tranquille près de Monte Cassino (en Italie). Il aurait, pendant son sommeil, tiré sur Agnès, puis hurlé pour demander du secours", a déclaré le fils de l'accusé, expliquant avoir gardé le silence aussi longtemps "pour le bien de la famille".

Dans un premier temps, lorsque Guillaume avait 16 ans, dans les années 1980, Maurice Agnelet aurait dit à son fils qu'il savait où se trouvait le corps d'Agnès.

Quelques années après, quand il était étudiant, sa mère, Anne Litas, lui a fait d'autres confidences, lui déclarant notamment "ton père a tué Agnès", expliquant tenir cette information "directement de lui", raconte-t-il.

Anne Litas, déjà entendue par la cour, n'a jamais fait mention de ces faits auparavant.

Enfin, dans un troisième temps, Maurice Agnelet se serait confié à son fils, disant "il ne faudrait pas qu'ils retrouvent le corps". "J'ai commencé à avoir le coeur qui bat et à me demander si je n'étais pas dans un cauchemar", affirme Guillaume.

Interrogé sur la nature de son père, le fils répond: "En un mot, perverse."

Guillaume Agnelet s'était manifesté dimanche auprès du parquet général de Chambéry. Il sera entendu de nouveau physiquement à Rennes mercredi par la cour d'assises.

 

- 'Coup de théâtre' -

"Il m'a tout le temps défendu en signant +Guillaume, le fils d'un innocent+. Je tombe des nues. Il s'occupe de la famille, là?" a réagi Maurice Agnelet, à peine ébranlé par les révélations de Guillaume.

"C'est de la schizophrénie, peut-être ça lui fait du bien", a-t-il ajouté, "je crois qu'il est très malheureux, ça va pas dans la tête."

"Je suis innocent", a clamé une nouvelle fois l'accusé.

"J'en suis de plus en plus convaincu, monsieur", a répondu ironiquement l'avocat de la famille d'Agnès Le Roux, Me Hervé Témine.

"C'est un coup de théâtre ou plutôt une tragédie qui s'ouvre", avait commenté auparavant l'avocat de Maurice Agnelet, Me François Saint-Pierre. "C'est une situation tendue qui s'est installée dans cette cour d'assises. Nous allons entendre la mère de Guillaume et Thomas Agnelet (autre fils de Maurice, ndlr), il nous faut attendre sa déposition", a-t-il dit.

Seul Thomas était cité comme témoin par la défense. Guillaume a déclaré lundi que "la défense ne (l'a) pas cité car elle savait quelle serait (sa) position".

Catherine Cazeneuve, Jean-Charles Le Roux et Patricia Blot, frère et soeurs d'Agnès Le Roux à leur arrivée le 17 mars 2014 au tribunal à Rennes  [Jean-Sébastien Evrard / AFP/Archives]
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Catherine Cazeneuve, Jean-Charles Le Roux et Patricia Blot, frère et soeurs d'Agnès Le Roux à leur arrivée le 17 mars 2014 au tribunal à Rennes
 

La mère des deux fils de Maurice Agnelet n'a pu être jointe lundi par la cour.

Agnès Le Roux aurait été tuée d'une balle dans la tête, mais Guillaume n'en est pas certain. Selon lui, Maurice Agnelet aurait ensuite "parcouru quelques centaines de mètres pour déposer le corps d'Agnès en contrebas de la route, dénudé et à même le sol".

Maurice Agnelet est jugé pour la troisième fois dans l'affaire de la disparition d'Agnès Le Roux.

Cette riche héritière d'un casino niçois, le Palais de la Méditerranée, avait mystérieusement disparu lors du week-end de la Toussaint, en 1977. Depuis cette date, personne n'a revu la jeune femme âgée alors de 29 ans, ni son véhicule.

Sa disparition intervenait quelques mois après qu'elle eut vendu ses parts dans le Palais de la Méditerranée au patron du casino concurrent pour 3 millions de francs.

La somme, d'abord versée sur un compte commun aux deux amants, à Genève, s'est retrouvée après la disparition d'Agnès sur un compte au seul nom de Maurice Agnelet.

Les deux frères ont été confrontés à l'audience lundi et Thomas a affirmé: "Je ne sais rien sur les faits", allant jusqu'à qualifier son frère de "schizophrène". "Je tombe des nues, je suis abasourdi. On est dans un film de Gabin, où la famille règle ses comptes à la barre", a-t-il dit.

D'abord bénéficiaire d'un non-lieu en 1985, puis acquitté en 2006, Maurice Agnelet a été condamné en appel à 20 ans de prison en 2007, avant que la Cour européenne des droits de l'Homme n'estime début 2013 que ce procès n'était pas équitable.

Le verdict du procès devrait être prononcé vendredi.

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