Une tentative d'intrusion "massive" de militants de Greenpeace dans la centrale nucléaire de Gravelines (Nord) qui visait à dénoncer les risques liés au vieillissement des réacteurs nucléaires a été déjouée mercredi matin, pendant que d'autres actions ont eu lieu en France et en Europe.
Vers 06H00, 18 militants de Greenpeace -quatorze hommes et quatre femmes de nationalités française, allemande, danoise, canadienne et britannique- qui avaient l'intention de s'introduire dans la centrale pour déployer des banderoles sur le réacteur, ont été interpellés par les gendarmes, a expliqué à l'AFP Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l'Intérieur.
Une centaine de membres de forces de l'ordre ont été déployés sur place afin de "quadriller la centrale" et éviter toute autre initiative éventuelle de même type, a précisé le porte-parole, qui a évoqué une "intrusion massive", pour laquelle une enquête a été ouverte.
"Dès que le premier grillage a été franchi, les individus ont été détectés, identifiés et suivis en permanence par les militaires de la gendarmerie qui ont été en capacité à tout moment de les empêcher de nuire", a ajouté l'Intérieur.
"Leur interpellation s'est faite dans un délai extrêmement court, huit minutes précisément, et surtout en toute sécurité, à leur entrée dans la zone de protection renforcée. Tenter de les interpeller à un autre endroit, notamment sur les passerelles surplombant le canal traversant la centrale aurait fait prendre, à tous, des risques inconsidérés", a conclu le ministère.
D'après Greenpeace, "les militants ont pénétré dans la centrale jusqu’à arriver au pied de la piscine du réacteur n°6. C’est là qu’ils ont été arrêtés à 6h08 après avoir franchi trois barrières de sécurité". EDF a évoqué une "tentative d'intrusion au niveau du grillage du canal d'amenée qui relie le site à la mer".
Les militants "ont été stoppés avant la zone de sécurité rapprochée", a indiqué de son côté la gendarmerie du Nord, qui a souligné la "très belle réactivité" du PSPG (peloton spécialisé de protection de la gendarmerie). Cette unité spécialisée dans la protection des centrales nucléaires contre le risque terroriste, a intercepté les militants écologistes et procédé à leurs interpellations.
- Des centrales vétustes, selon Greenpeace -
Un important barrage policier, que seuls les employés de la centrale pouvaient franchir, était dressé en fin de matinée, formant un périmètre assez large autour de la centrale, tandis qu'un hélicoptère de la gendarmerie survolait les lieux, a constaté un photographe de l'AFP.
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Les gendarmes devaient "refaire le tour des sites et vérifier qu'il n'y avait pas encore quelqu'un à l'intérieur", a indiqué à l'AFP Olivier Lesavre, directeur de cabinet du maire de Gravelines.
D'autres actions de Greenpeace ont eu lieu dans le même temps, ailleurs en France et en Europe.
Une dizaine de militants ont bloqué symboliquement l'entrée principale de la centrale nucléaire du Bugey (Ain) pour réclamer l'arrêt de ses réacteurs d'ici à 2018, une action qui n'a pas entraîné de perturbation dans le fonctionnement du site.
En Suisse, une centaine de militants de l'organisation ont pénétré dans la centrale nucléaire de Beznau, pour exiger la mise à l'arrêt immédiate de ce site jugé trop vétuste.
Au total, six pays européens (France, Suède, Belgique, Espagne, Pays Bas et Suisse) ont fait l'objet d'actions simultanées de quelque 240 militants de Greenpeace "pour mettre en lumière les risques liés au vieillissement des centrales nucléaires".
En France, les militants de Greenpeace portaient "une demande spécifique" : le texte de la future loi sur l’énergie devrait inscrire la limite de 40 ans comme durée de fonctionnement maximale pour l’ensemble des réacteurs nucléaires français, alors qu'il y a débat sur leur prolongation éventuelle.
La centrale de Gravelines aura 40 ans en 2020, rappelle Greenpeace, pour qui "l’état de sûreté de ses réacteurs se dégrade, augmentant la probabilité d’un accident".
"Sur les 151 réacteurs en fonctionnement en Europe, 66 ont plus de 30 ans et 7 ont été mis en service il y a plus de 40 ans", a ajouté l'organisation.