Le Conseil d'Etat devra statuer sur la fin de vie de Vincent Lambert, à la demande de son épouse Rachel qui a signifié son intention de faire appel mardi de la décision de la justice administrative d’interdire "l'arrêt du maintien en vie artificielle" de son mari.
"Je fais appel devant le Conseil d'Etat contre la décision de la justice administrative qui a interdit de cesser le traitement et l'arrêt du maintien en vie artificielle", a-t-elle déclaré mardi à l'AFP.
"Le laisser partir est un geste d'amour", a réaffirmé l'épouse du patient tétraplégique hospitalisé à Reims depuis plus de 5 ans dans un état végétatif chronique après un accident de la circulation.
Délai de 48 heures
Le Conseil d'Etat doit se prononcer dans un délai de 48 heures après sa saisine qui devrait être effective avant la fin de cette semaine, a-t-on indiqué au cabinet des avocats de Rachel Lambert.
Lundi, une autre partie de la famille favorable à l'arrêt des soins avait demandé à Marisol Touraine, la ministre de la Santé, d'enjoindre par écrit la direction du CHU de Reims de saisir le Conseil d'Etat dans une tribune publiée par le Monde.
Mardi sur i-télé, la ministre a réitéré ses propos tenus à l'occasion de ses voeux à la presse le 21 janvier, de demander "formellement au directeur du CHU de Reims" d'accompagner la procédure d'appel si elle était introduite par la famille.
"J'espère que l'initiative de Rachel Lambert va inciter la direction de l'hôpital à nous suivre dans ce recours", a expliqué à l'AFP Sara Nourdin, l'avocate de Mme Lambert.
Le 16 janvier, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne avait imposé aux médecins de l'hôpital de Reims de poursuivre l'alimentation et l'hydratation artificielles de Vincent Lambert, en jugeant que "la poursuite du traitement n'était ni inutile, ni disproportionnée et n'avait pas pour objectif le seul maintien artificiel de la vie".
Un recours de l'hôpital encore attendu
Son épouse et une partie de la famille avait donné son accord à l'arrêt des soins décidé par le corps médical, mais les parents, catholiques traditionalistes, avaient saisi la justice pour s'y opposer.
"L'hôpital doit aller devant le Conseil d'Etat, c'est évident", a pour sa part déclaré dans le Monde Jean Leonetti auteur de la loi sur la fin de vie.
Pour lui, "les juges se sont substitués aux médecins dans l'attente d'un jugement sur le fond, sachant bien qu'il y aurait une décision du Conseil d'Etat. Celle-ci permettrait d'apporter la sécurité juridique dans d'autres cas et aussi pour les médecins", a-t-il poursuivi dans les colonnes du quotidien.
Selon l'avocate de Rachel Lambert, "Vincent avait clairement indiqué son refus de tout acharnement thérapeutique, il continue à manifester une résistance aux soins qui laisse penser à un refus de vivre et d'après les médecins, il n'y a pas dans son cas de retour possible à une vie de relation".
"Nous attendons du Conseil d'Etat qu'il affirme que continuer ainsi relève de l'obstination déraisonnable", a poursuivi l'avocate.
"Humainement je comprends la volonté de son épouse de faire respecter la volonté de Vincent et j'attends la décision de la direction de l'hôpital que je respecterai", a pour sa part réagi le docteur Eric Kariger qui dirige le service de soins palliatifs du CHU de Reims où est hospitalisé Vincent Lambert, et qui avait décidé en collégialité de suspendre la nutrition et l'hydratation artificielles de son patient.
Contactée par l'AFP, la direction de l'hôpital n'a pas souhaité s'exprimer.
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