Le volailler Doux, en redressement judiciaire depuis juin 2012, a présenté mardi son plan de continuation devant le tribunal de commerce de Quimper lors d'une audience cruciale pour son avenir et celui de ses désormais 2.100 salariés.
Le groupe espère notamment que le tribunal validera l'entrée à son capital du groupe saoudien Almunajem et de la holding de la famille Calmels, D&P.
La décision sera rendue vendredi à 16H30, a annoncé à l'issue de l'audience Arnaud Marion, directeur opérationnel de Doux, qui s'est dit confiant au sujet de la continuation du groupe.
"Aujourd'hui, les choses ont avancé, la crise se résoud grâce à ses actionnaires, anciens et nouveaux", a-t-il déclaré à la presse.
Se sont présentés devant les juges à 14H00 Didier Calmels et son fils Martin, Jean-Charles Doux, actuel PDG du groupe et fils du fondateur emblématique Charles Doux --qui lui était absent--, ainsi que M. Marion, directeur opérationnel depuis le placement du groupe en redressement judiciaire.
Lors de cette audience à huis clos, le volailler a présenté le plan qu'il a élaboré en vue de continuer son activité. Dans le cas de sa validation par le tribunal, il sortira du redressement judiciaire et pourra continuer son activité. Dans le cas contraire, jugé très peu probable, il serait liquidé.
ci-dessus
En attente de confirmation depuis plus de deux semaines, la recapitalisation du groupe breton a enfin fait l'objet d'un accord lundi. "Selon les termes de cet accord, la holding Calmels (D&P) devient l'actionnaire majoritaire du groupe Doux avec 52,5% du capital, aux côtés de deux actionnaires de référence à savoir le groupe Almunajem (25%) et la famille Doux (22,5%)", a indiqué le volailler.
La famille Doux, qui détient actuellement 80% du capital, deviendra donc minoritaire, et BNP Paribas, qui possède 20% du capital, se retirera. L'accord devrait être finalisé au premier trimestre 2014.
La gouvernance du groupe sera modifiée, sous réserve de la validation du plan de continuation, a par ailleurs confirmé mardi le groupe, précisant qu'il allait se doter d'un directoire présidé par Arnaud Marion, avec à ses côtés Jean-Charles Doux et Martin Calmels. Le conseil de surveillance, dans lequel sont représentés les actionnaires, sera logiquement présidé par Didier Calmels.
Ce dernier est spécialiste des entreprises en difficulté. C'est son fonds D&P qui a racheté une créance de plusieurs millions d'euros à la banque Barclays, premier créancier de Doux.
Quant à Almunajem, il est le premier client de Doux et un fidèle puisqu'en 2014, les deux groupes fêteront leurs 40 ans d'échanges commerciaux. Le groupe saoudien soutient activement l'entreprise depuis son placement en redressement judiciaire
En 18 mois, le volailler a réussi à diviser sa dette par quatre, passant d'un endettement de 340 millions d'euros, à quelque 75 millions.
Doux entend ainsi faire devant les juges la démonstration qu'il est "capable de financer son besoin en fonds de roulement, ses investissements industriels et le remboursement de son passif", selon Régis Valliot, administrateur judiciaire du groupe.
2014, année de tous les dangers
Pour sortir de l'impasse, et malgré la suppression des aides européennes, le volailler s'est recentré ces derniers mois sur l'export et la transformation (Père Dodu) après s'être allégé de son pôle frais, liquidé au prix de la suppression d'un millier d'emplois. Il compte désormais 2.100 salariés, dont environ 1.700 en CDI.
"Il faut que le tribunal valide cette sortie de redressement judiciaire, mais on restera toujours prudents et vigilants", à déclaré à la presse avant l'audience Nadine Hourmant, déléguée centrale FO de Doux.
2014 restera en effet l'année de tous les dangers pour le volailler, alors que l'industrie agroalimentaire traverse une crise sans précédent en Bretagne, suscitant la colère de milliers de travailleurs victimes de restructurations.