Face à la Une de Minute et aux attaques racistes dont est l'objet Christiane Taubira, la plupart des éditorialistes estime que c'est "assez" et qu'il "faut surtout ne pas se taire".
"Surtout ne pas se taire, sous prétexte qu’il faudrait éviter trop de publicité pour un journal de faible audience. Surtout ne pas minimiser la parole raciste, sous prétexte qu’il faudrait craindre de réveiller, en retour, les fantômes de l’Histoire – ou de +faire le jeu+ d’on ne sait quel Front," estime Jean-Claude Souléry dans La Dépêche du Midi.
Dans Libération, Fabrice Rousselot crie "Assez !" "Comme un cri de colère. Une envie d’en finir avec l’odieux. Assez de ces dérives racistes et discriminatoires qui polluent l’espace public. Assez de ces insultes que l’on met en une d’un magazine - si extrémiste soit-il - et que l’on ose justifier ensuite par le biais de la satire. Les attaques dont est victime Christine Taubira depuis des semaines sont nauséabondes et dangereuses", pense-t-il.
"Contre cette attaque, il n'y a pas d'autre riposte qu'une dénonciation systématique des idées et des propos racistes. Pas d'autre riposte, à chaque fois que c'est possible et pénalement justifié, que la poursuite de leurs auteurs devant les tribunaux. Pas d'autre riposte que l'effort inlassable d'éducation des enfants et des jeunes", juge l'éditorialiste du Monde.
"C’est la République qui est insultée. La une de Minute est un crachat au fronton de nos mairies" s'insurge Maurice Ulrich dans L'Humanité qui déplore que "des esprits "décomplexés", des éditorialistes, ont à leur tour soufflé sur le feu. Au nom de la liberté de parole, comme si la parole raciste, la parole qui nie, qui enchaîne, la parole qui tue, était une parole libre !"
Dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace, Pascal Coquis s'en prend à ceux qui pensent qu'il "ne faudrait pas hurler avec les loups, ne pas se transformer en caisse de résonance et contribuer à diffuser ces idées-là, le mieux serait de ne rien en dire". "Ne pas piper mot, ne rien faire, renoncer à s’indigner sous prétexte que les propos en question, racistes et ignominieux, ont été tenus dans une feuille d’extrême droite ultra-confidentielle, comme si cela les atténuait, ne serait-ce pas cela le piège ?", se demande-t-il.
Quant à Raymond Couraud de L’Alsace, il fait partie de ceux qui cite Pierre Desproges qui "disait que l’on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui. L’extrême droite veut faire croire que l’on peut rire de tout en faisant n’importe quoi. Pas n’importe quand en l’occurrence. La crise donne des ailes aux extrémistes", analyse-t-il.