Trentenaire, normalien, homosexuel déclaré: Ian Brossat, qui sera désigné lundi chef de file du PCF à Paris pour les municipales de 2014, avant peut-être d'être le candidat du Front de gauche à la mairie, incarne une nouvelle génération de militants et d'élus communistes parisiens.
Né à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) le 21 avril 1980, diplômé de Normale Sup et agrégé de lettres modernes, le conseiller de Paris, entré au PCF à 17 ans, a pris en 2008 la tête des dix élus du groupe PCF-PG au Conseil de Paris, après avoir enseigné quatre ans à Sarcelles (Val-d'Oise).
Ayant fait son "coming out" en 2011, il s'est marié en juillet avec son compagnon, enseignant de mathématiques dans un grand lycée parisien.
"En 2008, la fédération de Paris a renouvelé son groupe. Le secrétaire de la fédération de l'époque Patrice Bessac (lui-même, jeune pousse du PCF, ndlr) m'a proposé d'être candidat, j'ai dit d'accord", raconte le conseiller de Paris, qui avait été successivement responsable des secteurs de la jeunesse, de la formation et de la communication à la fédération de Paris du PCF.
Implanté dans le XIVe, il déménage dans le XVIIIe, où il s'installe rue Lepic, sur la Butte Montmartre.
Choix marketing, en phase avec la "sociologie parisienne?": "Je suis à l'image de la jeune génération communiste d'aujourd'hui", répond l'élu.
"C'est un Parisien", qui "appartient à la génération du TCE (traité établissant une constitution pour l'Europe, ndlr), qui a remis le parti sur le devant de la scène" en 2005, renchérit un proche collaborateur, recruté après des échanges sur... Twitter.
Reconnu pour ses qualités d'orateur -"concis, précis, avec de l'humour", dit Gérald Briant, conseiller d'arrondissement dans le XVIIIe et porte-parole du PCF-, le plus jeune président de groupe du Conseil de Paris est aussi de l'avis général un élu "proche des gens", un "bosseur" et un "fin politique".
"Malgré sa jeunesse, sa fraîcheur, il est totalement rompu aux logiques d'appareil et de négociations internes et externes", décrit un proche du maire de Paris Bertrand Delanoë (PS).
Ian Brossat est devenu en 2012 président du conseil d'administration d'une des plus grosses sociétés d'économie mixte de Paris, la SemPariSeine, ce qui ne l'a pas empêché de continuer à engager le fer avec le maire de Paris, comme dernièrement sur la réforme des rythmes scolaires.
Candidat du Front de gauche?
Issu d'une famille de trotskistes -son père, le philosophe Alain Brossat, et sa mère, sociologue et fille de l'espion soviétique Marcus Klingberg, se sont rencontrés à la LCR- l'élu affirme avoir adhéré au Parti communiste par souci du "résultat concret".
C'est aussi un fervent défenseur de la "dynamique du Front de gauche", grâce à laquelle "le PC a retrouvé une vitalité". "C'est parce qu'on a créé le Front de gauche (avec le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, ndlr) que le rapport de force est plus favorable" avec le PS, insiste-t-il.
Est-il pour autant partisan d'une alliance avec le PG au premier tour des élections municipales à Paris? La question fait l'objet d'un intense débat au sein du PC parisien, où la base serait largement favorable à cette option, quand la majorité de la direction et des élus préfèreraient s'allier au PS dès le premier tour, comme en 2001 et en 2008.
Alors que les militants communistes parisiens doivent trancher la question à la mi-octobre, Ian Brossat ne se prononce pas. Beaucoup lui prêtent cependant de pencher pour la solution "Front de gauche" -un choix de "conviction"-, qui lui permettrait aussi de faire la démonstration de ses talents, en portant vraisemblablement les couleurs du parti antilibéral.