Souvent critiqués mais jamais abandonnés, les emplois aidés, emblèmes du "traitement social" du chômage, peuvent aider à stabiliser le chômage mais déjà, ils réveillent les polémiques. Même si le gouvernement promet que la qualité sera au rendez-vous.
Avec la crise, ces emplois subventionnés tout ou partie par la collectivité (Etat, départements) ont de nouveau le vent en poupe.
Le gouvernement en prévoit près de 600.000 sur l'année, dont 100.000 "emplois d'avenir" ciblés sur les jeunes non qualifiés. C'est environ 200.000 de plus qu'en 2012 et 2011 mais pas un record: au début des années 2000, ils avaient atteint un point haut avec 800.000 contrats.
Ces contrats dérogatoires (généralement des CDD à temps partiel et payés au Smic) visent à insérer sur le marché du travail les plus en difficulté: demandeurs d'emploi de longue durée, seniors, handicapés, bénéficiaires de minima sociaux et jeunes.
Les personnes en emploi aidé n'étant plus comptabilisées parmi les chômeurs de catégories A, B ou C, l'opposition accuse le gouvernement de vouloir baisser "de manière artificielle" les statistiques, dont la hausse s'est ralentie depuis trois mois.
Selon l'UMP, ils ne sont qu'un "pis-aller" qui "installe des chômeurs dans des pseudo-emplois précaires et aggrave le déficit des dépenses publiques", avec un coût estimé entre 4 et 5 milliards pour 2013.
L'accélération des signatures avait pourtant commencé dans les derniers mois du quinquennat de Nicolas Sarkozy.
"C'est une tentation pour tous les gouvernements de tenter d'infléchir une statistique qui n'est pas bonne avec les emplois aidés", admet l'ancien ministre du Travail Gérard Larcher (UMP).
Depuis les années soixante-dix, ces emplois sont "un palliatif à nos échecs", observe le sénateur. Ils existent parce qu'"on n'a pas été capables d'imaginer autre chose pour les 150.000 jeunes qui sortent sans diplôme du système scolaire chaque année", estime-t-il.
Le député socialiste Jean-Patrick Gille, président de l'Union nationale des missions locales, chargées de l'insertion des jeunes, reconnaît qu'ils "ne sont pas la panacée". Mais il défend leur "nécessité en période très dégradée".
des résultats médiocres, selon la Cour des comptes
Outre redonner des habitudes de travail à ceux qui les ont perdues, ces emplois servent à "maintenir l'employabilité", "soutenir le moral de la jeunesse" et contribuent "au retour de la croissance en soutenant le pouvoir d'achat", explique-t-on au ministère du Travail.
L'efficacité des emplois aidés a pourtant été régulièrement remise en cause par la Cour des comptes (2006, 2011, 2013).
En janvier, la Cour relevait leurs "résultats médiocres" dans le secteur non-marchand, où ils se concentrent à presque 90%. Six mois après, un quart des bénéficiaires occupent un emploi durable (CDI, CDD de plus de six mois).
"Ciblage défaillant", "durées trop courtes", "accompagnement insuffisant", concluait la Cour en préconisant de "revoir l'équilibre" des subventions au bénéfice du secteur marchand où l'insertion durable est meilleure. Sur ces trois chantiers le gouvernement affirme travailler.
Mais avec la crise, les opportunités dans le privé se sont considérablement réduites. Et le recentrage noté en 2011 sur les chômeurs de longue durée et bénéficiaires de minima sociaux sera difficile à maintenir.
"Il y a tellement peu de boulot en ce moment que des gens qualifiés et expérimentés postulent, on s'éloigne de la cible", observe Jean-Philippe Revel, conseiller (CGT) dans une mission locale à Paris.
Sur la durée, il y a du mieux, assure le ministère. Les statistiques montrent une durée moyenne de 9,5 mois en juin 2013, contre 6,5 mois à la même période de 2012 (+47%) pour les nouveaux contrats signés dans le non-marchand.
Les consignes d'allongement à douze mois ne sont cependant pas suivies par tous les départements, même socialistes.
Et si davantage de CDD d'une année se signent, il y a un revers, la réduction du nombre d'heures de travail par semaine, dit observer M. Revel.
Les contrats aidés souffrent depuis des années d'une "gestion administrative et budgétaire (...) on ouvre les vannes ou l'on arrête (...) au lieu de partir des besoins", regrette-t-il toujours.