Oiseaux rares, parfois, dans leurs pays d'origine, les pilotes de montgolfières peuvent compter sur la 13e édition du "Lorraine Mondial Air Ballons", cette semaine près de Metz, pour battre de nouveaux records de foules.
"Dis au revoir à papa!" dit une mère de famille à sa petite fille dans ses bras, dont le père vient de s'élancer dans les airs, en montgolfière, avec les enfants plus grands.
La même scène se décline à perte de vue sur la pelouse de l'ancienne base aérienne de l'OTAN de Chambley-Bussières (Meurthe-et-Moselle): dès que les ballons multicolores sont suffisamment gonflés, les pilotes et leurs coéquipiers sautent dans la nacelle, larguent les amarres et s'élèvent en toute majesté, au son du crépitement des brûleurs à gaz, sous le regard émerveillé de leurs proches restés à terre et du public.
Les organisateurs ont profité d'une météo favorable, samedi soir, pour avancer une tentative de record du plus grand décollage de masse de ballons, initialement prévue dimanche.
Objectif atteint: entre 363 et 373 ballons ont pris leur envol à la tombée du vent et de la chaleur en soirée, contre 357 lors de la précédente édition, en 2011, selon un premier comptage en présence d'huissier.
Au total quelque 3.000 pilotes et équipiers venant d'une soixantaine de pays sont attendus pendant ce festival, qui a commencé vendredi et dure jusqu'au dimanche 4 août.
Parmi eux on croise quelques personnalités, comme le Suisse Bertrand Picard, qui dit n'avoir raté aucune édition de ce grand rassemblement, organisé tous les deux ans, depuis son tour du monde historique en ballon sans escale en 1999.
"J'aime beaucoup la montgolfière parce que c'est une manière de voler uniquement avec la force de la nature: l'agilité consiste à monter et descendre pour trouver les bonnes couches météorologiques. C'est un jeu avec la nature", explique celui qui est également connu pour son projet d'avion solaire Solar Impulse.
Illustres anonymes
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La plupart des aérostiers sont cependant des gens ordinaires. Et en même temps d'exception: car parfois ils sont quasiment les seuls représentants de leur discipline dans leur pays, comme Hicham Zrikem, qui se félicite d'être "le premier Marocain à voler au Lorraine Mondial Air Ballons".
"Je suis venu pour représenter le Maroc, où il n'existe que cinq montgolfières au total. Et c'est une expérience géniale pour moi d'être ici, de rencontrer d'autres pilotes", dit-il.
Richard Bovell et Danie Minnaar sont également des raretés dans leur pays, l'Afrique du Sud, où l'on dénombre à peine une trentaine d'aérostiers, selon eux. "Chez nous on n'a jamais volé à plus de douze montgolfières réunies. Alors être ici et participer à des records c'est formidable", se réjouissent-ils.
Pour la première fois cette année, un pilote de montgolfière thaïlandais a aussi fait le déplacement jusqu'en Lorraine, mais pas uniquement pour la beauté du geste: Terapat Tunsukarat, un ancien banquier de 54 ans, parle surtout affaires.
"En Thaïlande les ballons ne servent que de support publicitaire. Alors j'ai créé une société pour développer le tourisme en montgolfière dans mon pays", explique-t-il.
Outre le spectacle gratuit des montgolfières matin et soir - quand la météo le permet - et la possibilité de s'offrir un baptême de l'air en ballon et autres engins volants, le festival et le conseil régional de Lorraine proposent sur place de nombreuses animations, ateliers et expositions autour des thèmes de l'aérostation et du ciel. De 250.000 à 400.000 visiteurs sont attendus jusqu'au dimanche 4 août sur la base de Chambley.