Au terme d'un processus de sélection source de mille rumeurs et contestations, six candidats ont été officiellement déclarés mercredi candidats à la primaire du PS pour la mairie de Marseille, nouvelle étape avant le lancement de la campagne en septembre.
Après avoir craint un temps de devoir reporter sa décision, la Haute autorité des primaires (HAP), chargée de l'organisation du scrutin, a finalement dévoilé les noms à l'heure dite, en tout début de matinée.
Les 13 et 20 octobre, les sympathisants de gauche auront donc le choix entre six bulletins: deux femmes et six hommes, âgés de 45 à 67 ans, tous des personnalités reconnues du PS au niveau local, au grand regret des "petits" candidats évincés en cours de route par des critères de qualification exigeants.
En lice, la ministre Marie-Arlette Carlotti, initialement hostile aux primaires, le président de la communauté urbaine Eugène Caselli, la sénatrice Samia Ghali, les députés Henri Jibrayel et Patrick Mennucci, et le conseiller général Christophe Masse.
Après le dépôt la semaine dernière des parrainages militants (200 chacun) et citoyens (1.300), l'instance a procédé à deux types de contrôle - l'un informatique, l'autre téléphonique (portant sur 15 à 20% des bulletins) - ainsi qu'à des "vérifications supplémentaires" auprès des postulants eux-mêmes ou de leur directeur de campagne, qui avaient été convoqués mardi.
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Un fichier d'adhérents "notoirement incomplet", un accent ou un nom de jeune fille qui manquent, des interlocuteurs réticents ou aux abonnés absents en cette période de vacances... le travail de vérification s'est avéré "lent, fastidieux mais indispensable", a précisé le président de la HAP, l'avocat Jean-Pierre Mignard, qui s'est félicité, lors d'une conférence de presse, d'un "premier bilan satisfaisant".
L'affaire semblait pourtant mal partie après la multiplication des rumeurs - la "favorite" Mme Carlotti n'avait soi-disant pas recueilli assez de signatures, le PS souhaitait réduire le casting à quatre - et le "coup de gueule" de M. Caselli, inquiet que la demande de précisions ne rallonge le processus, voire ne le fasse capoter... Le tout suivi d'appels de chacun à garder son "sang froid".
Coup d'envoi à la rentrée
"Nous pouvons apparaître comme un organisme ennuyeux, tatillon. Si l'honnêteté demande du temps, on lui donne du temps", a souligné l'avocat mercredi. Par ailleurs, a-t-il tenu à rappeler dans une "mise au point", "nous ne sommes pas un organisme exécutif ni de la fédération des Bouches-du-Rhône, ni de la tutelle nationale".
Car la fédération, qui se déchire depuis trois ans sur fond d'affaires judiciaires, a été placée en mars sous la coupe de Solférino. Les deux responsables de la direction nationale du parti, Alain Fontanel et Christophe Borgel, mandatés pour cette tâche, sont attendus mercredi après-midi à Marseille pour donner le coup d'envoi de la deuxième phase des primaires.
Des primaires à l'enjeu capital, les socialistes rêvant de reconquérir la deuxième ville de France, à droite depuis 1995. A l'issue d'une pré-campagne marquée par des meetings, cafés citoyens, porte-à-porte et parutions de livres, la bataille débutera vraiment à la rentrée, avec au programme notamment des débats télévisés.
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La Haute autorité des primaires, qui va étoffer son effectif (pour passer à une trentaine de personnes - avocats, universitaires, magistrats), entend jouer un rôle actif dans cette nouvelle étape, refusant d'être une simple "chambre d'enregistrement". Son rôle: veiller à ce que "les sondages ne viennent pas troubler la campagne", éteindre les polémiques qui ne manqueront pas de surgir, sanctionner d'éventuels "propos désobligeants ou infondés" ou encore contrôler les dépenses (plafonnées à 20.000 euros, remboursées à hauteur de 5.000 euros). Le jour J, les membres de l'organisme seront présents dans la trentaine de bureaux de vote pour s'assurer du bon déroulé des opérations et prévenir toute accusation de fraude.
Dans le camp adverse, Jean-Claude Gaudin (UMP), conforté par un récent sondage commandé par son parti, ne fait pas mystère de sa volonté de briguer un quatrième mandat, mais il devra composer avec les ambitions du député Guy Teissier. Désireux de rester maire jusqu'au bout, il devrait attendre l'automne, une fois son rival socialiste connu, pour se lancer dans la course.