Les représentants des 230 salariés de Spanghero savent depuis mardi soir lesquels feront partie des 90 sauvés par le plan de reprise de l'entreprise de Castelnaudary (Aude) menacée par le scandale de la viande de cheval et lesquels seront licenciés, selon des sources concordantes.
L'administrateur judiciaire a communiqué mardi soir au comité d'entreprise la liste des personnes qui seront reprises, a dit à l'AFP le secrétaire du CE Jérôme Lagarde (FO).
Une cellule de reclassement sera mise en place mercredi pour les personnes licenciées, a-t-il ajouté, précisant que des représentants de Pôle emploi avaient déjà rencontré les salariés mardi à l'usine de Castelnaudary. "Les licenciés pourront adhérer à une convention de sécurisation professionnelle leur assurant 80% de leur revenu brut pendant 12 mois", a-t-il précisé.
Le repreneur, Laurent Spanghero a été retenu vendredi par le tribunal de commerce de Carcassonne pour reprendre les rênes de la société qu'il avait fondée avec un de ses frères en 1970. La société, que la famille Spanghero avait cédée en 2009 au groupe coopératif basque Lur Berri, a perdu la plupart de ses clients après sa mise en cause en février pour avoir vendu de la viande de cheval frauduleusement pour du bœuf.
Pour éviter la liquidation, l'ancien rugbyman de 74 ans a présenté la seule offre jugée recevable par le tribunal de commerce, associé à un promoteur immobilier de Narbonne Jacques Blanc et à la société de capital-risque Investeam.
M. Spanghero s'est engagé devant le tribunal à reprendre 90 des 230 salariés de l'entreprise pendant au moins deux ans et à conserver les actifs pendant cinq ans.
Mais c'est l'administrateur judiciaire toulousain Christian Caviglioli, qui gérait l'entreprise depuis le 19 avril, qui a établi la liste des 90 salariés sauvés en fonction des besoins du repreneur et de critères d'ancienneté et de qualification, a rappelé M. Spanghero.
Cette liste, qui lui a été adressée en même temps qu'au CE, "s'impose" à Laurent Spanghero, souligne un communiqué des repreneurs. L'administrateur judiciaire doit adresser aux salariés congédiés "les premiers courriers en vue de leur licenciement économique à partir" de vendredi, ajoute le communiqué.
Les salariés conservés garderont le même contrat de travail, mais "Saveurs occitanes", le nom choisi par les repreneurs, en rupture avec un nom discrédité, est une nouvelle société.
"Elle doit donc demander de nouveaux agréments sanitaires aux services vétérinaires, ce qui peut prendre une semaine", a expliqué à l'AFP Laurent Spanghero. "On espère pouvoir ouvrir dans huit à dix jours, on a des contacts intéressants en plats cuisinés", a-t-il ajouté.
Reconquérir la clientèle des grandes chaînes de distribution prendra plus de temps. "Certaines d'entre elles demandent des qualifications spéciales, qui sont tombées pour Spanghero lors du dépôt de bilan, cela pourrait prendre quatre à cinq mois à la nouvelle société pour les regagner", a expliqué le nouveau patron.
L'entreprise mise à la fois sur les plats cuisinés et la transformation de viandes, mais elle est à l'arrêt depuis l'expiration du dernier contrat avec le distributeur allemand Lidl, le 30 juin.
Cette situation a provoqué lundi un incident avec des salariés qui voulaient entrer dans les locaux et en ont été empêchés par des vigiles appelés par le repreneur.
L'incident était clos mardi avec ces salariés "qui avaient les nerfs à fleur de peau", a déclaré M. Spanghero. "Les salariés ont à nouveau accès au site" a confirmé M. Lagarde.